Page:Revoil - Les Exiles.djvu/178

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fraient aucune trace de vétusté et de destruction, et ces dépouilles d’un être aimé qui n’était plus ne serrèrent pas le cœur de la jeune femme ; jusqu’alors épargnée par le malheur, elle ne pouvait en être atteinte qu’en le voyant pour ainsi dire face à face. Surprise et presque irritée contre elle même de ne pas souffrir davantage en revoyant ces lieux que son mari avait habités, elle prit sa fille par la main et se dirigea vers le cimetière de la ville où il reposait.

C’était par une belle soirée de mai, les arbres et les buissons étaient en fleurs, le fleuve circulait gaîment entre de vertes prairies qu’il arrosait ; les coteaux couverts de vignes exhalaient de pénétrantes senteurs, la nature fêtait le printemps, et le bon peuple allemand saluait la venue de cette saison riante par une cordiale gaîté. Non loin du champ du repos,