Page:Revoil - Les Exiles.djvu/196

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sèrent la nuit assis à son chevet, échangeant de rares paroles à voix basse ; un sourire de joie ineffable errait sur les lèvres de la duchesse de Valpreuse : ce sourire exprimait toute une action de grâce à Dieu ; il semblait dire avec ferveur : « Soyez béni de me l’avoir rendu ! » Pourtant son regard interrogatif trahissait parfois un reste d’inquiétude ; mais d’un geste le docteur rassurait cette mère tremblante dont l’âme était suspendue à la vie de son enfant. Le jour se leva vif et éclatant, et ses premiers rayons traversèrent les rideaux de damas rouge de ce riche salon et vinrent frapper avec des reflets de pourpre sur la couche improvisée de Cléophée. La jeune fille dormait encore, la tête gracieusement affaissée sur un de ses bras, tandis que ses longs cheveux blonds à demi déployés, s’éclairant de la lumière naissante du jour, projetaient sur sa tête comme une auréole ;