Page:Revoil - Les Exiles.djvu/200

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Plantes, notre élégant équipage nous faisait traverser quelques rues étroites et noires de la Cité ; parfois une vieille femme malade, ou un pauvre enfant pâle et chétif, se montrait à une fenêtre qui me laissait apercevoir toute la misère de ces demeures délabrées. En vain la voiture rapide nous emportait-elle sur les quais bruyants et gais, devant les riches hôtels et les palais somptueux ; l’image triste et désolée d’une pauvreté voisine me poursuivait encore. Ce soir-là elle s’interposait obstinément entre moi et les plaisirs qui m’entouraient, et tandis que les quadrilles joyeux se formaient auprès de moi, j’étais tout entière à mes tristes préoccupations. Au moment où l’on vint me prier à danser, je venais de gravir, en pensée, l’humide escalier d’une misérable maison où des indigents se mouraient. J’étais entrée dans une chambre au plafond bas, noirci par la fumée d’une lampe