Page:Revoil - Les Exiles.djvu/203

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au front le signe d’une félicité éternelle. Je les suivais pas à pas, mais comme j’allais prendre place auprès d’elles, un bras invisible me retint. Je tournai la tête, et vis-à-vis ces légions aux figures radieuses, j’en vis d’autres aussi innombrables formées d’esprits mornes et abattus, portant tous les signes d’une tristesse ineffaçable. Je voulus m’avancer vers ces âmes qui paraissaient tant souffrir, mais comme si les deux régions m’étaient également interdites, le même bras invisible m’arrêta, et une voix pleine de douceur et d’autorité dit auprès de moi :

« Regarde ! ces âmes qui aujourd’hui t’apparaissent si sombres et si désolées sont celles qui sur la terre eurent le plus d’allégresse et de joies. Insouciantes des misères d’autrui, elles jouirent en avares de leur bonheur égoïste, oubliant qu’une part de ce bonheur