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AU PAYS DES KANGAROUS

— Voilà qui est parfaitement dit, ajouta Wilkins ; nous en viendrons certainement à bout ; mais il faut s’occuper des provisions, afin de ne pas mourir de faim. Il s’agit de manger, voyez-vous, pour se défendre avec courage.

— N’oubliez pas l’eau, fit Marguerite ; car si nous sommes assiégés pendant quelque temps, ce sera chose importante.

— Ne craignez rien, Mademoiselle, l’eau ne manquera pas. À vrai dire, j’aimerais mieux de la bière. Ah ! si nous avions un tonneau, nous pourrions le remplir avant que ces moricauds fussent de retour. Voyons, Jenny, avant de songer à faire cuire notre déjeuner, donnez-nous tout ce que vous avez en fait de coquilles et de récipients à eau. »

La cuisinière vida le contenu de la gourde dans l’écaille de tortue, et Wilkins s’en empara pour aller la remplir aux petites mares, où il fut suivi par tous les jeunes gens, qui portaient des coquillages que l’on devait employer au même usage. On songea également à se procurer des vivres. Les arbres étaient couverts d’oiseaux on eût dit une volière. Rien n’eut été plus facile que d’en abattre un grand nombre à coups de flèches ; mais l’important était de se munir d’eau avant le retour de l’ennemi. Tout calcul fait, quand les récipients furent pleins, les jeunes gens calculèrent qu’ils en auraient à peine pour deux jours et encore en la ménageant beaucoup.

À peine eurent-ils pu tuer une douzaine de faisans, que les coo-ee des indigènes se firent entendre de nouveau, toujours de plus en plus près. Ils se virent forcés de rejoindre la caverne pour se préparer à la défense.

Le premier soin des naufragés du Golden-Fairy fut de fortifier sérieusement l’orifice de la cavité à l’aide de grosses pierres. D’autre part, comme il était clairement démontré par les illustrations murales de la grotte qu’elle était connue des sauvages, il parut opportun aux assiégés de se livrer à des recherches sérieuses, afin de s’assurer s’il n’y avait pas d’autres issues par lesquelles les indigènes auraient pu pénétrer et les surprendre. L’examen prouva que les boyaux qui s’ouvraient deci delà n’aboutissaient pas au dehors. On trouvait, en différents endroits, des traces de feu, preuves du séjour qu’avaient fait en cet endroit des habitants prédécesseurs de la famille Mayburn mais, à part la petite provision de bois préparée la veille, rien ne pouvait servir à faire cuire les aliments.

« Nous ne sommes pas encore habitués à manger de la viande crue, dit Hugues à son frère ; aussi, monsieur le commandant Arthur, je suis d’avis de faire une « sortie » pour nous procurer du bois.

— Soit, répondit celui-ci ; mais avant tout il faut s’assurer, en regardant à travers les créneaux, que nous ne risquons rien en quittant nos fortifications.

— C’est convenu, riposta Hugues. Ah ! grand Dieu ! Gérald, regardez tous ces sauvages, là, devant nous, tenant leurs zagaies dans la main gauche et prêts au combat. Arrière, Ruth ! petite folle n’as-tu pas déjà vu de près ces horribles figures ?

— Oh ! mademoiselle Marguerite, s’écria la jeune fille, ils vont venir