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VOYAGE

que issue cachée hors de cette caverne. Toutefois, comment vous êtes-vous risqués ainsi pour le plaisir de nous rapporter ces quatre faisans ?

— Oh ! nous avons fait une découverte très importante, observa Hugues, et je suis certain que ni notre père ni Marguerite ne nous blâmeront lorsqu’ils auront jugé par eux-mêmes de la beauté et de la sûreté du lieu d’où nous venons. »

Et les deux jeunes gens se mirent à raconter leur voyage aventureux hors de la caverne assiégée, bénis par leurs auditeurs, qui retrouvaient l’espoir de fuir loin de ces lieux sombres, où la faim et la soif les eussent un jour ou l’autre, livrés aux sauvages.

« Qui nous empêche de partir tout de suite ? observa Max Mayburn.

— C’est impossible, mon père, répliqua Arthur. Il nous faut d’abord trouver les moyens de traverser le fleuve, et, d’autre part, la journée est trop avancée pour que nous puissions quitter la caverne avant la nuit. En dernier lieu, il faut que les sauvages restent persuadés que notre intention est de leur résister dans cette caverne.

— N’importe, monsieur Hugues, dit alors Jack, si vous n’êtes pas trop fatigué, vous m’obligeriez fort en me montrant le « bosquet enchanté ». Wilkins viendra avec nous, afin de m’aider à porter mes cordes. »

Le convict ne se le fit pas dire deux fois il prit un rouleau des câbles fabriqués par Jack, et suivit O’Brien et le jeune Mayburn, qui accompagnaient l’habile ouvrier, l’industrieux compagnon.

Ce que les deux amis leur montrèrent les combla de joie ; ils ne pouvaient en croire leurs yeux.

« Ah ! fit alors le convict, foin des oiseaux et des œufs ! Que ne pouvons-nous mettre à bas un de ces kangarous ! Vive le ciel bleu, j’apprécie cela, moi qui sais ce que c’est qu’une prison. Dieu me préserve d’y revenir !

— Quels beaux arbres ! s’écria Jack. Hélas ! il ne nous manque que des outils. Morbleu ! si j’avais la hache que brandissait hier dans ses mains un de ces méchants sauvages ! Il m’a semblé qu’elle était fabriquée avec une sorte de pierre dure : plaise au Ciel que nous trouvions un morceau de cette espèce de caillou dur !

— Vous oubliez, mon cher Jack, fit Wilkins, que nous ne pouvons point songer à abattre des arbres, entourés comme nous le sommes par des ennemis. Faisons plutôt une embarcation avec de l’écorce.

— En effet, répondit Jack. Écorcer un arbre peut se faire sans bruit : aidez-moi, et je ferai une sorte de bac pour traverser le fleuve. »

L’arbre fut dépouillé de son enveloppe extérieure, et on se hâta de cacher cette écorce dans les buissons, pour rentrer à la caverne. L’ombre descendait, et en s’attardant un peu il eût été à craindre que l’on n’aperçut plus les traces blanches et la croix qui les terminait.

Ils arrivèrent enfin.

« Allons, ma bonne Jenny, s’écria Gérald en rentrant dans la caverne et en dansant devant elle, préparez les paquets ; toi, Ruth, remets tes poules dans leur panier, afin d’être prête au bon moment. Dès le lever du soleil, quand je me mettrai à siffler, vous m’entendrez vous dire : En avant, marche !