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VOYAGE

quittèrent la caverne, précédés par les deux pionniers de la découverte. Ils arrivèrent enfin, à leur grande joie, en plein air sous le « berceau enchanté », et sortirent ensuite au milieu de la ravine aboutissant au fleuve.

Max Mayburn était aux anges de se trouver ainsi délivré, de pouvoir admirer encore cette étrange végétation de l’Australie, ces oiseaux multicolores qu’il eût voulu tous emporter avec lui. Mais il fallut user de prudence, et ordre fut donné de ne point parler et d’éviter de faire rouler des pierres, de peur du bruit. C’est de cette façon que l’on parvint sur le bord de la rivière.

Jack retrouva facilement les lanières d’écorce coupées la veille par ses amis et lui il façonna, avec ces débris et les cordes fabriquées à l’avance, une sorte de radeau auquel il ajouta deux rames également faites de morceaux d’écorce adaptés à des tiges de bambou.

« Allons ! monsieur Hugues, fit-il alors, venez avec moi faire l’essai de cette embarcation. Prenez un des bouts de la corde, et quand nous aurons passé de l’autre côté nous fixerons l’autre extrémité du câble si bien que par un va-et-vient tout le monde se trouvera transporté sur la rive opposée. »

Hugues, enchanté d’être choisi pour passer le premier, descendit sur la fragile embarcation, et, avec le concours de Jack se hasarda sur le courant du fleuve. Les deux hardis navigateurs ne tardèrent pas à atteindre l’autre rive. Ils se glissèrent au milieu des roseaux, parvinrent sans peine à fixer solidement la corde à un arbre. À l’aide d’un second câble qui passait dans un anneau formé de branches d’arbres, le radeau-bac put revenir près des autres voyageurs. Marguerite prit place à son tour, et arriva sans encombre vers son frère et leur ami Jack. L’un après l’autre les naufragés du Golden-Fairy risquèrent la même entreprise, et réussirent à débarquer sains et saufs. Seulement le dernier, ce fut Wilkins, coupa la corde qui retenait le bac du côté du départ, et fut halé doucement près de ses camarades d’aventures.

Cela fait, on laissa le radeau-bac s’en aller à la dérive, tandis que l’on se frayait un passage à travers les joncs et les bambous qui obstruaient les bords du courant d’eau.

En parvenant sur le point culminant de la berge, les voyageurs aperçurent devant eux une plaine verdoyante, qui s’étendait aussi loin que les yeux pouvaient s’égarer à l’horizon.

« Dieu soit loué ! s’écria Gerald O’Brien en sautant de joie, me voici revenu sur le sol de la « verte Èrin », ma patrie, la vieille Hibernie. Nous n’avons plus à craindre de mourir de la pépie l’eau coule partout ; je la sens clapoter sous la semelle de mes bottes.

– Parbleu, nous sommes dans un marécage, dit Wilkins et il nous serait impossible de courir si nous le voulions. Il nous faudra faire attention pour ne pas enfoncer. Allons la main aux dames. »

Jenny Wilson, à qui le convict adressait ces paroles polies, n’était pas accoutumée à sauter ; cependant, tout en obéissant aux mouvements indiqués par Wilkins et en faisant appel à ses souvenirs de jeunesse, elle parvint à franchir d’un endroit sec à l’autre tout l’espace occupé par le marécage.