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VOYAGE

— Ce n’est heureusement qu’une égratignure, » observa Wilkins, qui retirait la flèche de sa blessure.

Mais, au même instant, le sang jaillit avec tant de force, qu’Arthur crut opportun de renvoyer Hugues et Gérald pour accompagner le blessé jusqu’à Marguerite, afin qu’elle le pansât sérieusement.

Pendant ce temps-là, Arthur, avec l’aide de Jack, examina attentivement le champ de bataille. Le sol était couvert de casse-tête, de zagaies, de flèches et d’arcs, d’amas d’avoine coupée, de coquilles, de moules d’eau douce et d’os de poissons. Il y avait aussi de grands morceaux d’écorce remplis de mousse qui devaient servir de lit.

Jack comprit à l’instant le profit qu’il pourrait faire de ces dépouilles et il demanda à Arthur s’il pouvait s’en emparer pour la construction de ses canots.

« Je n’y vois pas d’inconvénient, répondit le fils aîné des Mayburn. Mais pouvons-nous traverser bientôt ? Il me semble que, de l’autre côté, la place est excellente pour aborder.

— Je vais me hâter de fabriquer les embarcations, répondit Jack car il importe de nous en aller le plus tôt possible loin de ces gens-là, qui reviendront assurément chercher leurs ustensiles. Je vais me servir de leur hache pour avancer le travail, quitte à la leur laisser lorsque j’aurai fini. »

Le jeune charpentier ne perdit pas de temps tandis qu’Arthur allait chercher son père, sa sœur et les autres, il façonna à l’aide des écorces abandonnées par les noirs, deux canots assez solides. Quand tout le monde fut réuni, on se rassura mieux encore. Wilkins et Hugues avaient été pansés. Tout allait le mieux possible.

« Mauvaise affaire, dit le convict, qui souffrait, mais faisait contre fortune bon cœur. Voilà deux d’entre nous aux invalides pour le moment. Il faudra que vous donniez un coup de main monsieur Mayburn, ajouta-t-il en s’adressant au vieillard.

— Hélas ! je suis un assez mauvais ouvrier, répliqua celui-ci.

— Mais du moins vous pourrez nous aider à ramer ; au surplus, il me reste mon bras droit, dont je puis me servir : je suis attristé de voir que votre fils cadet a eu la main droite endommagée. Allons nous fabriquerons des rames avec ces morceaux d’écorce ; aidez-moi, monsieur Gérald.

— Surtout ne touchez pas aux armes des indigènes, riposta Max Mayburn vous savez quelle est ma façon de voir à ce sujet.

— J’aime à croire que vous ne nous empêcherez pas d’emporter, comme trophée, les flèches avec lesquelles nous avons été blessés.

— Va pour celles-là, dit Arthur, c’est de bonne guerre ; mais hâtons-nous, afin de nous trouver au plus tôt en sûreté sur l’autre bord. »

Trois heures s’écoulèrent cependant avant que les ouvriers disponibles eussent achevé les embarcations et les eussent mises à l’eau. Pendant que ceci se passait, Wilkins et Hugues cherchaient des œufs dans les nids de canards et s’emparaient des jeunes oisillons, que Jenny Wilson fit cuire pour les provisions du moment et de l’avenir.

En somme trois canots se trouvèrent à l’eau, y compris celui qui avait été lancé par Jack avant l’escarmouche avec les indigènes.