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AU PAYS DES KANGAROUS





CHAPITRE XXIX

Une excellente provision. — Visiteurs pendant la nuit. — Captivité. — Une vieille connaissance. — Le camp des « coureurs des bois ». — Une ambassade à « la ferme des Marguerites ». – Jack dans un nouvel emploi. — Reconnaissance de la femme indigène. – Repentir du convict. – La vie des « coureurs des bois ».


Le lendemain matin, au moment du déjeuner, on s’aperçut que Gérald et Hugues manquaient à l’appel. Une heure s’écoula dans une grande anxiété, lorsque tout à coup on entendit des cris annonçant l’approche des jeunes gens. Arthur et Jack allèrent à leur rencontre et les aidèrent à rapporter un énorme kangarou.

« C’est la même insolente bête qui est venue me défier hier, disait O’Brien. Je l’ai poursuivie jusqu’au milieu d’une forêt à environ trois milles d’ici. Hugues et moi, à force de faire du bruit, nous l’avons enfin fait partir, en lui décochant une volée de flèches. Il en a fallu un bon nombre pour y arriver. Nous avons bien couru, et ce n’est pas petite affaire, par cette belle journée d’hiver du mois de juin, quand le soleil est plus chaud qu’il ne l’est en Angleterre. Allons, Wilkins, aide-nous à dépouiller l’animal : sa peau nous servira à raccommoder nos chaussures.

— Il faut te raconter, mon cher Arthur, dit Hugues à son frère, que, tandis que nous étions dans la forêt, nous avons vu dans le lointain, vers le sud-ouest, une grande colonne de fumée. Serait-ce une habitation de colons ? Gérald eût bien voulu aller se rendre compte de ce qui se passait là-bas ; mais je lui ai conseillé de revenir, dans la crainte que notre absence ne vous inquiétât. Croyez-vous, Wilkins, que nous soyons si près des colons ?

– Non ! ce n’est pas mon avis, répliqua le convict. Nous nous trouvons encore à une fort grande distance ; mais je pense plutôt au voisinage de ces fainéants de moricauds. Ils se rassemblent dans le voisinage des colons, avec l’espoir incessant de les voler.

— Wilkins doit avoir raison, remarqua Max Mayburn. Ce doit être un camp d’indigènes, toujours prêts à attaquer, pour voler le bien qui ne leur appartient pas.

– Allons ! ne nous attardons pas ici. Le kangarou est « déplumé ». La viande est cuite, et nous pouvons l’emporter ainsi, afin de prendre notre second repas lorsque nous aurons faim. »

Et la petite caravane reprit sa marche en traversant des plaines plantureuses, au milieu desquelles ils saluaient les eucalyptus, l’arbre à crin avec ses longues lianes souples et pendantes, le pandanus au feuillage palmé, et le figuier aux racines sortant de la terre.