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AU PAYS DES KANGAROUS

La voix du marin était rauque et piteuse : aussi Marguerite éprouva-t-elle une crainte sérieuse. Toutefois elle expliqua au maître du Golden-Fairy ce qui se passait, et celui ci l’écouta en l’interrompant à chaque parole.

« À moi le second ! à moi le marin de garde ! » s’écria-t-il en s’habillant à la hâte.

Hélas ! personne ne répondait à ces appels.

Marguerite se jeta dans les bras de son père et de ses frères, et l’on entendit, à ce moment-là, les pas d’un grand nombre d’hommes. La cloche du bord sonna à coups précipités, et les bestiaux affolés poussèrent, des cris de détresse.

Hugues et Arthur gravirent rapidement l’escalier qui aboutissait sur le pont afin de savoir ce qui se passait.

Il n’y avait plus à en douter : à travers l’obscurité de la nuit ils virent des lanternes briller deci delà, et entendirent ces paroles terribles :

« Le feu est dans la soute ! »





CHAPITRE IV

La révolte des matelots. — Progrès rapides de l’incendie. – Les embarcations à la mer — Les poules de Ruth. – Le matelot en détresse. – Aventures du naufragé Black Peter !


Bientôt les cris spasmodiques du capitaine Markham éclatèrent sur le pont. Il donnait des ordres à travers le porte-voix, sans cesser de jurer et de sacrer, au sujet de la négligence de ses hommes, cause du sinistre : le malheureux gourmandait son équipage, et accusait de lenteur ses matelots endormis et insouciants.

Enfin la pompe fut mise en mouvement, et, à l’aide de tuyaux de cuir, on atteignit l’endroit où le feu brûlait, tandis qu’avec des seaux de toile les matelots amenaient aussi de l’eau qu’ils jetaient au milieu des flammes.

Les quatre jeunes gens, Arthur, Hugues Mayburn, Gérald O’Brien et Jack, se mirent bravement à l’œuvre, et aidèrent l’équipage dans ses efforts pour éteindre l’incendie.

Pendant ce temps-là, Max Mayburn, sa fille et les autres femmes, adressèrent à Dieu leurs plus ferventes prières.

Jenny Wilson songea alors à descendre dans les cabines, et à mettre en paquets les objets les plus précieux appartenant à ses maîtres.

« Si nous ne pouvons éviter la perte du navire, du moins, à ce que dit Jack, il nous sera possible de nous sauver dans les embarcations. Allons ! Ruth, aide-moi. Il ne faut pas perdre une minute, ma fille. Ne regarde donc pas de côté et d’autre. Qu’as-tu donc ? que signifie cet air égaré ? »

Sans l’écouter davantage, Ruth remonta précipitamment les escaliers, et alla se jeter aux pieds de M. Mayburn.