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VOYAGE

« Vous êtes fort adroit, mon ami, dit-elle au jeune ouvrier ; mais nous n’aurons pas besoin de pareils moyens de transport dans les Indes on ne se promène qu’en palanquin dans ce pays-là.

— Que ne sommes-nous restés en Australie, Mademoiselle ! observa Jack. J’aurais pu utiliser mes talents, tandis qu’ici. À propos, je ne suis pas content de ce que je vois et de ce que j’entends autour de moi.

– Que craignez-vous donc, mon ami ? demanda-t-elle en pâlissant.

– Rien de très dangereux ; mais je n’aime pas à voir tout le monde commander à bord, surtout lorsque le capitaine Markham est ivre. Que Dieu nous favorise pourtant, et, avec quelques semaines de bon vent, nous serons bientôt arrivés.

— Oui, et pour obtenir la haute protection du Seigneur, adressons-lui nos prières, ajouta Marguerite. Je vous engage tous, mes amis, continua-t-elle, à ne pas avoir le moindre contact avec l’équipage du Golden-Fairy. Restez dans l’entrepont avec mon père et moi : Mieux vaut mal respirer qu’entendre de mauvaises paroles.

— Veuillez, je vous en prie, Mademoiselle, fit Jack, donner à mistress Wilson des instructions pour qu’elle veille sur ma sœur Ruth. Ces bandits se plaisent à tourmenter la pauvre enfant, et à lui faire commettre mille sottises quand ils le peuvent. J’ai failli avoir une affaire sérieuse avec le quartier-maître, pour une farce qu’il avait jouée à ma sœur. »

Arthur et Marguerite tinrent conseil ensemble quand la mer devint mauvaise, par suite des vents contraires qui s’étaient élevés. La famille entière se renferma dans la grande cabine du salon, où l’on faisait la lecture, où l’on priait, et où l’on se préparait à subir la volonté de la Providence, sous quelque forme qu’elle se présentât.

Une certaine nuit, Marguerite se réveilla, oppressée, respirant à peine, et appela mistress Wilson, couchée dans un cadre au-dessus de sa tête.

« Ma chère Jenny, dit-elle, obligez-moi de m’accompagner sur le pont. J’éprouve le besoin d’aller prendre l’air. Je ne sais si je me trompe, mais l’on suffoque ici. Un orage se prépare assurément, car l’atmosphère est brûlante. »

Jenny Wilson grommela bien quelque peu d’être réveillée au milieu de son sommeil ; mais elle se leva, et fut prête en même temps que sa maîtresse.

À peine Marguerite Mayburn eut-elle ouvert la porte de sa cabine, qu’elle s’écria :

« Grand Dieu ! quelque chose brûle ici. Ne sentez-vous pas cette odeur âcre ? Qu’est-ce que cela veut dire ? »

Marguerite, au lieu de monter du côté de l’habitacle, se hâta de réveiller ses frères et son père, tandis que Jenny ouvrait la porte du salon qui donnait sur l’escalier.

Au même instant, l’odeur du bois brûlé envahit toute la pièce. Marguerite alla frapper à la cloison qui formait la chambre du capitaine Markham en criant à haute voix :

« Au feu ! capitaine, au feu

– Qui m’appelle ? qu’est-ce que cela signifie ? » s’écria celui-ci, en ajoutant un horrible jurement à ces paroles ; et en même temps cet être abruti entr’ouvrit la porte et se montra dans le cadre de cette ouverture.