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AU PAYS DES KANGAROUS





CHAPITRE VIII

Mise a l’eau de l’embarcation de Jack. — Une alarme. — Espérances décues. — Jack ne perd pas courage. — Une excursion au vieux campement. – Black Peter et les sauvages. — Le bateau submergé. — Construction de deux canots et d’un catimaron.


Il était important d’amener la construction du brave Jack jusqu’à la mer afin de s’assurer de sa parfaite solidité. Le point difficile était de franchir les récifs et les jeunes gens savaient bien qu’il leur faudrait ramer jusqu’à une grande distance avant de découvrir un passage. À l’aide de deux billes de bois rondes et polies, Jack et Wilkins, au moment de la haute mer poussèrent le bateau jusqu’au liquide bouillonnant et le mirent à flot. Cela fait, il fut convenu qu’on tenterait l’aventure à bord de cette frêle embarcation !

Wilkins et Arthur se chargèrent de l’entreprise. Jack demeura à terre où ses soins industrieux étaient réclamés. Gérald et Hugues restèrent avec les autres, car on redoutait leur étourderie.

Tandis que les deux navigateurs s’éloignaient, ceux qui étaient restés à terre les suivaient des yeux ; bientôt ils les virent disparaître à la pointe du promontoire, et alors Jack, suivi de Gérald et de Hugues, s’élança sur cette hauteur pour se rendre compte des progrès de leurs deux compagnons. Lorsqu’ils parvinrent de l’autre côté, quelle ne fut pas leur consternation en n’apercevant plus la moindre trace du bateau ! Ils s’élancèrent alors sur la pente conduisant au rivage, en poussant des cris auxquels l’écho seul répondait. Bientôt, à leur plus grande épouvante, ils purent distinguer la tête des deux navigateurs émergeant de la cime des vagues ils faisaient de grands efforts pour atteindre la terre.

Gérald et Hugues voulurent se jeter immédiatement à l’eau ; mais Jack d’un ton d’autorité, leur défendit d’en rien faire. Se dépouillant aussitôt de sa veste, il coupa une branche d’arbre, et, la poussant devant lui, se mit à nager dans la direction d’Arthur, qui semblait perdre courage et qui saisit avec fureur la branche quand elle arriva à sa portée. À ce moment, Jack fit volte-face et s’avança dans la direction de la plage jusqu’au moment où parvenu à l’endroit où l’on avait pied, il laissa Arthur entre les mains de son frère et de leur ami O’Brien.

Cela fait, il se mit à la recherche de Wilkins, qui, s’appuyant sur une rame, épave du naufrage, nageait tranquillement du côté de la plage. Mais au moment où Jack arrivait à une petite distance de l’endroit où le convict se trouvait, celui-ci disparut tout à coup, sans qu’il fût possible de comprendre si c’était à la fatigue ou à toute autre cause que l’on devait attribuer cet incident.

Les jeunes gens restés sur la rive poussèrent un grand cri ; mais, au même