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AU PAYS DES KANGAROUS

oiseau, qui ressemblaient à ceux du pélican. Nos explorateurs s’emparèrent de quelques jeunes oisillons pour pourvoir au repas du soir.

« Attention, Arthur ! s’écria tout à coup Hugues. N’entend-tu pas ces cris étranges ? ce sont ceux d’un oiseau inconnu sans doute. Si nous pouvions nous en emparer pour l’offrir à notre père ?

— Erreur, mes amis fit Wilkins. Souvenez-vous que nous sommes en pays ennemi. Taisons-nous d’abord. Je reconnais ces coo-ee coo-ee, pour les avoir déjà entendus. Ce sont les lèvres maudites des indigènes qui les ont poussés.

— Je crois que c’est réellement vrai, observa Arthur. J’ai entendu parler des rappels gutturaux de ces sauvages.

— Dans ce cas fuyons ! dit à vois basse Max Mayburn. I ! est inutile de risquer le combat et de répandre du sang.

— J’ai grande envie de me glisser à travers les arbres, afin de mieux apercevoir ces peaux noires. Laissez-moi faire ; ils ne me verront sous ces arbres, qui répandent la plus grande obscurité autour de nous. Je pourrai ainsi vous donner de précieuses indications.

— Ne nous quittez pas, maître Gérald, reprit Wilkins. Je sais ce qu’il en est. Il y a là, autour de nous, une centaine d’indigènes qui nous suivent ; ils ne sont pas à craindre. L’essentiel, c’est de retourner à nos bateaux. Les noirs se montreront bien plus vite que vous ne le voudrez. »

En effet, il était prudent de faire retraite. On revint aux bateaux et l’on se contenta de manger des œufs cuits à la hâte ; puis on tint conseil, afin de savoir ce que l’on ferait, au cas où les indigènes se montreraient : ce qui était inévitable.

« J’ai achevé un autre arc, dit Jack. Nous avons donc des armes, des flèches, des épieux et une massue, sans oublier le fusil de M. Arthur.

— C’est l’arme à feu qui est la meilleure défense, observa Wilkins. L’emploi des armes sauvages est plus familier aux indigènes qu’à nous, tandis que la détonation d’un fusil les fera fuir comme une volée de perroquet. Il faut donc épier les mouvements de ces moricauds comme ils surveillent les nôtres. Et surtout, pas de pitié, monsieur Mayburn : nous n’avons rien de bon à attendre de ces gens-là. Entendez-vous leur satané coo-ee ? Eteignez le feu, mistress Wilson ; il ne faut pas que la fumée leur indique la place où nous sommes cachés. »

Jenny et Ruth se hâtèrent d’obéir aux injonctions du convict et se serrèrent contre Marguerite en exprimant, des marques de frayeur. Comme il faisait nuit, les femmes allèrent se coucher dans les canots, tandis que les hommes se mirent aux écoutes, surveillant tout ce qui se passait autour d’eux, afin de résister, au besoin, à une attaque nocturne.

La nuit se passa sans alarme ; mais, avant que le jour parût les voyageurs rejoignirent leurs embarcations avec l’intention de remonter plus haut, pour trouver un endroit, loin des sauvages, où il leur fût possible de déjeuner à leur aise. En effet, ils parvinrent jusqu’à une roche plate qui s’étendait jusqu’au bas de la falaise. C’est là qu’il, firent cuire leurs œuf, pour leur déjeuner, et les deux oisillons, qu’ils gardèrent pour leur repas du soir.

Au moment où les voyageurs reprenaient place dans leurs canots, ils