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III. — ÉPOQUE DE HÉIAN

I. — LA POÉSIE

A. LE KOKINNSHOU

Le Kokinnshou, ou « Recueil de poésies anciennes et modernes », est, en date comme en importance, le premier des recueils de vers qui parurent durant l’époque de Héian.

Sa Préface, qu’on trouvera plus loin, nous raconte comment il fut rédigé, d’ordre impérial, par Ki no Tsonrayouki[1] et trois autres poètes [2]. Depuis le Manyôshou, et pendant presque un siècle après l’établissement de la capitale à Kyoto, la poésie japonaise avait été négligée pour les vers chinois ; mais, à la fin du ixe siècle et au commencement du xe on vit se produire une belle renaissance : c’est de cette nouvelle floraison surtout que fut tirée, vers 922, la gerbe du Kokinnshou.

Comme le Manyôshou, le Kokinnshou est divisé en 20 livres ; mais il ne comprend que 1,100 morceaux. En revanche, ces poésies sont groupées suivant une classification rationnelle : Printemps, Eté, Automne, Hiver, Congratulations, Séparations, Voyages, Amour, et la suite. Presque toutes sont de « brèves poésies », les « longs poèmes » étant depuis longtemps délaissés. Partant, plus de larges envolées, comme dans le Manyôshou ; mais, dans le cadre étroit que le goût japonais s’était choisi, de légères esquisses, fines et ingénieuses, d’autant plus

  1. Ki no Tsonrayouki naquit probablement en 883. Sa généalogie le rattachait à la famille impériale. Il fut un noble de cour très recherché pour son talent littéraire. À part cela, sa vie n’est guère connue que par la liste des fonctions qu’il exerça à Kyôlô et en province (voir le Toça Nikki, ci-dessous, p. 152). Il mourut en 946.
  2. Ki no Tomonori (dates incertaines), neveu de Tsourayouki ; Ohshikôtchi no Hitsouné (854?-903) ; et Hibou no Tadaminé (866-965). Pour leurs titres, voir Préface du Kokinnshou, ci-dessous, p. 149.