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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

valent, au juste, ces Japonais si diversement appréciés, quels sont les caractères intimes de leur esprit, comment ils sentent, comment ils pensent. Le seul moyen de le savoir, c’est d’étudier la littérature du Japon.

I

Cette littérature, une des plus riches du monde, est malheureusement écrite dans la plus difficile de toutes les langues existantes, et même en une série de langues successives dont la compréhension a exigé les efforts de plusieurs générations de philologues indigènes. C’est dire qu’aucun Européen ne saurait l’embrasser en entier. Mais, dans cette forêt immense, on a tracé des chemins, exploré de vastes domaines, étudié de plus près certains points particuliers. L’honneur en revient surtout à la science anglaise. Grâce aux travaux consciencieux des Aston, des Chamberlain, des Dickins, des Satow et d’autres chercheurs, auxquels il convient d’ajouter aussi quelques érudits allemands, à commencer par Rudolf Lange, bien des textes déjà ont pu être élucidés. D’autre part, à côté de ces monographies, l’histoire littéraire a été l’objet de divers exposés, critiques, soit au Japon, avec MM. Haga, Foujioka et autres, soit même en Europe, où M. Aston ouvrit la voie, en 1899, avec son originale History of Japanese Literature, en attendant que M. Florenz publiât, en 1906, sa Geschichte der japanischen Litteratur, plus complète. Mais, jusqu’à ce jour, on n’avait encore entrepris, dans aucune langue européenne, un recueil de morceaux choisis permettant de juger la littérature japonaise en elle-même, d’une manière directe, au moyen de textes assez nombreux et assez étendus pour laisser voir au lec-