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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

reste plus que deux monuments, qui résument tout : sur une colline écartée, le temple du dieu de la Guerre, et sur l’emplacement désert des édifices disparus, un immense Bouddha qui semble regarder à ses pieds la poussière de la gloire humaine.

V. — La période qui suivit la chute de Kamakoura fut marquée par l’ascension au pouvoir, puis par la domination complète d’une nouvelle lignée de shôgouns, celle des Ashikaga. Takaouji, fondateur de cette famille, avait d’abord aidé l’empereur à renverser les Hôjô ; mais ensuite, il voulut recueillir leur succession et se proclama shôgoun lui-même. Déclaré rebelle, il triompha cependant et, en 1336, remplaça le souverain régnant par un empereur à sa convenance. D’où une scission, qui dura plus d’un demi-siècle, entre la cour du Sud (nanntchô), dynastie légitime qui erra en divers endroits du Yamato, et la cour du Nord (hôkoutchô), dynastie illégitime soutenue par les shôgouns et installée à Kyôto. Lorsque enfin, en 1392, les deux dynasties furent réunies en la personne d’un partisan des Ashikaga par l’abdication de son rival, le pouvoir des shôgouns n’eut plus de limites et, désormais, le vrai centre de l’empire fut le palais qu’ils habitaient, à Kyôto, dans le quartier de Mouromatchi. Cette époque comprend donc elle-même deux périodes : au xive siècle, celle de Nammbokoutchô ; au xve siècle et durant la majeure partie du xvie, celle de Mouromatchi, qui, troublée à son tour pendant tout le dernier tiers du xvie siècle, devait s’achever, en 1603, par l’avènement d’une nouvelle famille de shôgouns. La période de Nammbokoutchô, essentiellement guerrière, ressemble étrangement par là même à celle de Kamakoura : d’une manière générale, progression de l’ignorance ; et comme productions littéraires, encore des histoires de combats, rachetées