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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

du soleil[1], et tranquillement gouverner le pays comme un pays pacifique.

Pour les diverses sortes d’offenses qui, pouvant être commises, par mégarde ou à dessein, par le céleste surcroît de population[2], pourront apparaître dans le pays, certaines sont déclarées offenses célestes[3] : renverser les séparations des rizières, combler les canaux d’irrigation, ouvrir les vannes[4], semer à nouveau[5], planter des baguettes[6], écorcher vif et écorcher à rebours[7], répandre des excréments[8], ce sont les offenses déclarées célestes. Quant aux offenses terrestres, certaines offenses apparaîtront : couper la peau vivante[9], couper la peau morte[10], les hommes blancs[11], les excroissances[12], l’inceste[13], la

  1. Ces expressions obscures sont d’ordinaire entendues, tout simplement, en ce sens que le palais protège l’empereur contre le soleil et la pluie.
  2. Le peuple japonais, toujours plus nombreux : en souvenir du mythe cité plus bas, p. 41.
  3. Ce sont les crimes que Souça-no-wo commit au ciel : voir ci-dessous, p. 45.
  4. Renverser les chemins qui, séparant les rizières, servent en même temps de digues pour maintenir l’eau, combler les canaux qui amènent cet élément indispensable de la culture indigène, ouvrir les étangs où on le conserve précieusement pour en user au moment opportun, voilà les attentats les plus exécrables pour une population d’agriculteurs ; et c’est pourquoi ils mettent ces crimes en tête de leur liste.
  5. Sur un champ déjà ensemencé, jeter de mauvaises graines qui perdront la récolte. Comp. la parabole de l’Evangile (Matth., XIII, 24 et suiv.).
  6. Dans les rizières : probablement avec des incantations, pour dresser ainsi des bornes magiques sur un champ dont on se prétend propriétaire ; à moins qu’il ne s’agisse de baguettes pointues secrètement enfoncées dans la vase pour blesser les pieds nus du voisin, de même que, chez les Malais, un vaincu en déroute retardait par ce moyen la poursuite de ses adversaires.
  7. C’est-à-dire, écorcher vif un animal, de la queue à la tète. Voir plus bas, p. 46.
  8. Sous-entendu : à des endroits qui ne conviennent pas. Voir ci-dessous, p. 45.
  9. Ce qui comprend le meurtre et les blessures. Toute effusion de sang entraîne d’ailleurs une souillure, même pour la victime.
  10. Il est impur de toucher à un cadavre ; à plus forte raison, de l’entailler.
  11. C’est-à-dire, sans doute, certains lépreux, et aussi les albinos.
  12. Allusion à quelque autre maladie répugnante, et d’ailleurs inconnue.
  13. Je réunis sous ce mot quatre crimes qu’il serait difficile de pré-