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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

Alors le dieu des mers lui-même étant sorti pour regarder : « C’est (le prince) Haut-comme-le-soleil-du-ciel» l’auguste enfant du (souverain) Haut-comme-le - soleildes-cieux !

» Et ce disant, il le conduisit à l’intérieur ; et 

étendant huit couches de tapis en peaux de phoques, et étendant au-dessus huit autres couches de tapis de soie, et le faisant asseoir au-dessus, il disposa sur des tables des centaines de choses, et prépara un auguste festin ; et aussitôt, il lui donna en mariage sa fille, la Princesse aux riches joyaux. Ainsi, il demeura trois ans dans ce pays. Mais ensuite, pensant aux premières choses (qui lui étaient arrivées), l’auguste Feu-baissant poussa un profond soupir unique 1 . Aussi l’auguste Princesse aux riches joyaux, entendant ce soupir, en informa son père, disant : « Bien qu’il soit demeuré pendant trois ans, il n’a jamais soupiré ; mais cette nuit, il a poussé un profond soupir. Quelle en peut être la cause ? » Le grand dieu son père interrogea son gendre, en disant : ci Ce matin, j’entends, ma fille parler, disant : « Bien qu’il soit « demeuré trois ans, il n’a jamais soupiré ; mais, cette « nuit, il a poussé un profond soupir. » Quelle en peut être la cause ? Et en outre, pour quelle raison es-tu venu ici ? » Alors, il dit au grand dieu fidèlement comment son frère aîné l’avait pressé pour avoir l’hameçon perdu. Là-dessus, le dieu des mers convoqua ensemble tous les poissons de la mer, grands et petits, et les interrogea, disant : « Y a-t-il par hasard quelque poisson qui ait pris cet hameçon ? » Et tous les poissons répondirent : « Récemment, le pagre* s’est plaint d’avoir dans le gosier une arête qui l’empêchait de manger ; c’est sûrement lui qui l’a pris. » Sur ce, en examinant le gosier du pagre, l’hameçon y était. Aussitôt enlevé, il fut lavé et respectueusement présenté à l’auguste Feu-baissant, que le 1. Le texte ne dit pas <t un soupir », mais « 1 soupir ». Pourquoi ? Les commentateurs discutent.

2. Tal, genre de poissons de la même famille que les dorades. Le passage correspondant du Nihonnghi donnant au poisson de Celle légende le nom â’Aka-tné (la Femme rouge), on en peut conclure qu’il s’agissait du Pagrus cardinalis. Le pagre est, le poisson le plus l*ôchefchô des Japonais, comme en témoigne leur fameux proverbe : Kouçatté mo taï, « Même pourri, c’est du pagre, a , y