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Page:Revue Contemporaine, serie 2, tome 14, 1860.djvu/38

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les eaux minérales.

presque aussi antique que celle même de l’art de guérir, il faut avouer que, jusqu’en ces derniers temps, cette médication n’avait point occupé dans les études médicales la place qui lui appartient par son importance et son efficacité. Livrée à l’empirisme irrationnel souvent aveugle, parfois même aux caprices de la mode, elle avait suscité des méfiances, et il ne manquait pas de gens sceptiques et railleurs qui refusaient toute vertu à ces remèdes naturels, ou même assez naïfs pour croire que les médecins n’envoyaient leurs malades aux eaux que par impuissance et afin d’échapper à une responsabilité embarrassante. On ne peut, il est vrai, contester que la science hydrologique fût loin d’avoir suivi le mouvement et l’impulsion imprimés depuis longtemps aux autres branches des connaissances médicales, et que l’application des eaux minérales au traitement des maladies n’eût point reçu un développement digne des services qu’elle est appelée à rendre. Ce délaissement tenait à des causes dont il est facile d’avoir l’explication. En effet, les obstacles qui résultent de l’éloignement et de la difficulté des communications avant l’établissement des chemins de fer ne laissaient point aux médecins, absorbés d’ailleurs par des occupations de toute nature, le loisir d’aller sur les lieux étudier par eux-mêmes les sources thermales et se rendre compte de leurs diverses qualités thérapeutiques. En outre, les notions que l’expérience avait pu fournir sur leur efficacité ont toujours manqué d’interprètes dans l’enseignement des facultés et des écoles. Il arrivait de là, par une conséquence inévitable, qu’étrangers à cette partie importante de l’art de guérir, ils s’abandonnaient trop souvent dans leurs prescriptions aux hasards d’une renommée dont la valeur échappait à une saine appréciation, et des motifs de laquelle ils ne pouvaient être bons juges. Sans doute on mettait à leur disposition des livres qui avaient la prétention, presque toujours mal justifiée, de leur servir de guides. Mais ces livres, écrits plutôt dans un but de spéculation que dans un esprit purement scientifique, conçus ordinairement à un point de vue exclusif, quelquefois présentant les faits sans méthode ou soumis à une méthode vicieuse, lors même que leurs auteurs étaient consciencieux et sincèrement animés du désir d’être exacts, ne donnaient et ne pouvaient donner aucuns renseignements vraiment pratiques propres à éclairer le médecin et à lui fournir les notions indispensables pour diriger les malades vers les stations thermales qui leur convenaient.

Heureusement, toutes ces circonstances fâcheuses ont disparu. L’extrême facilité et la rapidité des voyages ont permis à un grand nombre de médecins d’aller, aux établissements thermaux même les plus éloignés, acquérir le savoir général et les connaissances spéciales qui leur faisaient défaut. L’enseignement de la science hydrolo-