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revue musicale de lyon

les progrès de la Symphonie Lyonnaise et le succès qu’elle a remporté car cette excellente société, qui nous donne les seuls concerts d’orchestre que nous puissions entendre à Lyon, doit vivre et aussi se développer et s’améliorer tous les jours.

Concert Marteau

M. Henri Marteau est né en 1874 et commença la musique de très bonne heure sous la direction de sa mère et d’un professeur suisse et termina ses études de violon avec le maître Léonard. Depuis 1900, il est professeur d’une classe de virtuosité au Conservatoire de Genève ; les nombreux concerts qu’il a donnés l’ont rendu célèbre. En France, en Suisse, en Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en Suède, en Russie, aux États-Unis, il fut partout acclamé à l’égal des plus grand violonistes. Et c’est justice car il possède la pureté, le style, la profondeur et aussi une merveilleuse beauté du son. Il a eu avec M. Willy Rehberg un succès très vif à son concert de dimanche, dont le programme comportait : la sonate en ré mineur no 2 (op. 121) de Schumann ; celle en la majeur no 2 (op. 100) de Brahms et celle en mi bémol (op. 18) de Richard Strauss.

Ce programme était extrêmement intéressant parce qu’il présentait trois œuvres émanant de trois générations de musiciens de l’école allemande et, il faut bien le confesser, ce n’est pas l’école moderne qui est sortie victorieuse de l’épreuve.

Schumann met toujours en œuvre des matériaux de premier ordre : il le fait quelquefois avec une certaine maladresse, mais sur ses pensées plane toujours une atmosphère de génie qui charme tour à tour et étreint.

Chez Brahms avec un talent d’écriture et de présentation toujours égal, souvent supérieur à celui de son devancier, la qualité de l’idée diminue ; la phrase est moins typique, moins personnelle, moins distinguée ; par suite, elle frappe moins et, malgré la sûreté du plan et l’ingéniosité des développements, l’œuvre garde un caractère terne et incolore.

Chez Strauss, le talent s’accentue et dépasse celui des deux autres mais aussi les qualités

d’invention sont bien inférieures. Les motifs musicaux deviennent parfois, disons le mot, d’une banalité déconcertante et pourtant, Dieu sait si le compositeur est talentueux.

La sonate de Strauss est écrite avec un brio, une fougue, une science de développement musical qui contraste avec la platitude de l’idée. Celle-ci tient tantôt de l’opéra comique, de l’opéra italien, du drame lyrique de Wagner et de quoi sais-je !! Quelle salade… mais elle est toujours coquettement habillée, souvent même elle a du panache et à cause de cela elle plaît au public !… parfois même ne dirait-on pas qu’elle vise à lui plaire ?

Ah ! qu’il serait donc consolant après ce savant méli-mélo d’entendre les dix premières mesures de la sonate de Franck… mais chut !… on dirait que je fais aussi du panache…

Schola Cantorum

Les répétitions de la Schola Cantorum lyonnaise ont repris vendredi dernier ; les chœurs ont lu l’admirable motet O vos omnes de Vittoria qui sera exécuté au premier concert avec Judas Macchabée de Hændel.

À travers la Presse

Dans la liste des reprises annoncées pour cet hiver au Grand-Théâtre, nous trouvons celle de Paillasse de Léoncavallo, qui fut jouée pour la première fois en 1895 sous la direction Campocasso. Nous espérons bien que M. Broussan ne perdra pas un temps précieux à remonter cette œuvre dont un des critiques les plus indulgents, M. Samuel Rousseau, écrivait lors de sa création à Paris :

« Il faudrait pourtant s’entendre. Qu’est au juste le théâtre que dirige M. Gailhard ? Académie nationale de musique ou Académie internationale d’opérette ? Temple du drame lyrique hautement pensé, talentueusement écrit ou bazar à treize sous qui vend de tout, même de la pacotille exotique pourvu qu’elle rutile et qu’elle tape à l’œil ? Panthéon de l’art ou maison de commerce ? Avec Sigurd, avec Samson, avec Siegfried, c’était encore