Page:Revue Musicale de Lyon 1903-12-08.pdf/1

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
1re Année * No 8
Mardi 8 Décembre 1903

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur - Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

LE ROI ARTHUS

d’Ernest Chausson
(suite)

Le prélude, assez bref et de mouvement rapide, et tout entier de couleur chevaleresque, héroïque. D’abord, en ut mineur, un thème vif et fougueux tourbillonne en triolets à l’orchestre, monte et aboutit à un trille aigu sous lequel la clarinette basse, les basses du quatuor énoncent un nouveau thème, plus martial, d’une énergie plus soutenue ; ce nouveau thème est repris par les cors et les violons, tandis que les bois répètent le rythme initial. L’intensité augmente, les trombones et le tuba interviennent, les tonalités se succèdent et au plus haut point du déchaînement orchestral, les dessins rythmiques et le tumulte s’interrompent, de façon que l’orchestre puisse énoncer solennellement, en de larges accords soutenus, un thème en mi bémol majeur, d’allure noble et de souveraine puissance, qui parcourra l’œuvre entière et qui évoque toute la gloire d’Arthus et de la Table Ronde. Un autre thème intervient ensuite, de rythme martial encore, mais moins fougueux, en

même temps que le premier piano de l’orchestre apaisé. Le développement de ce thème ramène le fortissimo où, en ut majeur, revient le grand thème héroïque, non plus isolé, mais avec le cortège en triolets du thème initial ; le paroxysme est ainsi atteint et, sans transition, le rideau levé, nous entrons brusquement in media res : au milieu de son palais de Carduel, entouré de sa cour et des principaux personnages du drame, Arthus achève un discours à ses chevaliers. Il dit la défaite des Saxons, le triomphe de la Table ronde et, aux acclamations de tous, le courage de Lancelot, le meilleur des chevaliers. Pendant ce temps, Mordred, soupirant malheureux de la reine Genièvre, est jaloux du jeune triomphateur, à qui vont toutes les admirations et toutes les tendresses ; il médite de sombres pensées et, tandis que la foule salue Lancelot, il groupe autour de lui une partie des chevaliers, ceux qui partagent ses sentiments haineux. Or, voici que Mordred surprend le secret d’un rendez-vous donné par Genièvre à Lancelot, et entrevoit alors la vengeance désirée.

Un interlude reprend les principaux thèmes du prélude, auxquels succèdent bientôt des dessins moins héroïques, plus passionnés ; l’orchestre déchaîné s’apaise ensuite peu à peu, et, sur les balancements