Page:Revue Musicale de Lyon 1903-12-08.pdf/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
revue musicale de lyon

ment bien réglées. M. Archaimbault dirigeait. Et ici, une question nous angoisse : la partition d’orchestre de Coppélia n’a-t-elle pas été éditée ou M. Archaimbault a-t-il accompli un tour de force en conduisant avec la réduction pour piano ?

Au passif de cette semaine figurait encore Roméo et Juliette (c’est décidément une semaine de musique nationale). Cette représentation était donnée à l’occasion d’une fête de charité. Nous aurons celle de n’en rien dire.

Edmond Locard.

Nous empruntons à notre confrère Sapin, du Salut Public, les notes historiques suivantes sur Roméo et Juliette :

« Roméo et Juliette n’avait pas reparu sur l’affiche du Grand-Théâtre depuis le 21 décembre 1900, époque à laquelle le bel opéra de Gounod avait été interprété par Mme Tournié et l’excellent ténor Scaremberg, qui nous donna alors un Roméo de si belle allure qu’il sera bien difficile désormais d’effacer le souvenir de l’interprétation de ce rôle par l’excellent artiste dans la mémoire des Lyonnais.

« Représenté pour la première fois au Théâtre-Lyrique le 27 avril 1867, sous la direction Carvalho, Roméo et Juliette fut créée par MM. Michot, un Lyonnais (Roméo), Barré (Mercutio), Cazaux (frère Laurent), Troy (Capulet), Mmes Miolan-Carvalho (Juliette), et Daram (le page Stéphano).

« Le succès de l’œuvre fut immense à son apparition. Il ne devait pas cependant sauver M. Carvalho du désastre dans lequel il succombait l’année après. Les portes du Théâtre-Lyrique fermées en 1868, Roméo et Juliette passèrent, le 20 janvier 1873, avec armes et bagages, à l’Opéra-Comique. Mme Carvalho y reprit le rôle qu’elle avait créé, avec le ténor Duchesne pour partenaire, et, après elle, Mlles Adèle Isaac et Heilbron le chantèrent de façon remarquable, tandis que Talazac, avec son magnifique organe et son puissant talent dramatique, faisait un Roméo qu’on n’a pas encore remplacé à Paris.

« Il y avait longtemps que Gounod aspirait à voir sa Juliette venir prendre place, à l’Opéra, à côté de son illustre sœur Marguerite. Mais pas plus M. du Locle, qui avait monté l’œuvre à la salle Favart, après la faillite du Théâtre-Lyrique, que M. Carvalho, qui lui avait succédé, n’avaient consenti à priver leur répertoire de ce superbe joyau dont ils

l’avaient enrichi, M. Paravey, successeur de M. Carvalho, fut plus coulant et céda Roméo à M. Gailhard, qui le représenta à l’Opéra le 28 novembre 1888, avec l’interprétation suivante : MM. Jean de Reszké (frère Laurent), Delmas (Capulet), Muratet (Tybalt) Melchisédec (Mercutio) ; Mmes Adelina Patti (Juliette) et Agussol (Stefano).

« C’est sous la direction d’Herblay que nous eûmes au Grand-Théâtre, le 3 avril 1868, la primeur de l’opéra de Gounod, qui fut créé, à Lyon, par Delabranche (Roméo), Juillia (Tybalt), Barbot (Benvolio), Darrois (Grégorio), Méric (Mercutio), Mathieu (frère Laurent), Barrielle (Capulet), Dubosc (le duc), Vincent (frère Jean), Mmes Meillet, la célèbre créatrice de l’Africaine sur notre scène lyonnaise, Douau (Stefano) et Gourdon (Gertrude) ».

concert mauvernay

(4 décembre 1903)

Contristerai-je l’aimable organisatrice du concert qui nous fut offert l’autre soir en comparant un tel régal de musique à une… salade russe ? Mme Marie Panthès « native d’Odessa », M. Wolff « violoniste de la cour de Russie » secondés par Mmes Mauvernay et Mirande, sans oublier Mlle Rabut, exécutèrent un programme copieux, ondulant de Bach à Reynaldo Hahn, de Beethoven à M. Mirande, tout en mettant à contribution les œuvres d’une dizaine d’autres compositeurs, seigneurs de grande ou de minime importance ! Disons vite pour ne désobliger personne que le régal fut fort honnête et que personne ne manquait au festin… La Sonate à Kreutzer une fois de plus résonna dans les murs de notre triste salle Philharmonique : se souvient-on bien que Beethoven en écrivit neuf autres pour piano et violon ? L’exécution fut satisfaisante bien que, par instants, elle me donnât l’impression d’un habile déchiffrage opéré par deux artistes de première force. Mme Panthès dont le jeu n’est pas empreint d’une élégance très féminine possède néanmoins d’indiscutables qualités qui furent très appréciées dans diverses pièces de Bach, Mozart et Chopin (Fantaisie chromatique et fugue, Pastorale variée, études sur les touches noires). En fin de compte après

un Prélude d’un certain Rachmaninoff et l’ex-