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REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur — Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI.

LE CRÉPUSCULE DES DIEUX

(Fin)

L’Orchestre

L’instrumentation de la Goetterdammerung est une des plus complètes et des plus complexes qui existent. Elle marque le summum de la science wagnérienne en cette matière.

L’orchestre du Crépuscule comporte un quatuor composé de 16 premiers et 16 seconds violons, 12 altos, 12 violoncelles et 8 contrebasses, (les parties des cordes sont moins divisées, semble-t-il, que dans Parsifal). Il est plus que probable qu’avec le nombre restreint d’instrumentistes dont le Grand-Théâtre de Lyon dispose, le quatuor sera loin de présenter de telles proportions. Il est à craindre qu’il n’en résulte un fâcheux effet de maigreur de cette partie essentiellement chantante de l’orchestre, et que les cuivres ne couvrent par moment les cordes de la plus regrettable façon.

Les bois sont disposés, non plus par trios comme dans Tristan, mais par groupe de quatre : il y a donc 3 grandes flûtes et un piccolo, 3 hautbois et 1 cor anglais, 3 clarinettes (en la et en si bémol)et une clarinette basse. Il n’y a que 3 bassons, dont le 3e peut être remplacé par un contrebasson.

Quant aux cuivres, on sait combien on a reproché à Wagner d’en abuser : c’est peut-être la plus absurde des critiques qu’on lui ait jamais faite. L’étude consciencieuse des partitions d’orchestre, comme d’ailleurs la simple audition, permet de voir que les cuivres ne sont que bien exceptionnellement employés en masse, pour produire des effets de violence et d’intensité. Il est hors de doute que Reyer, avec son instrumentation toujours trop grave, et Massenet, avec ses continuelles et insupportables oppositions de fortissimo et de pianissimo, cuivrent infiniment plus que Wagner. Il suffit de citer le pillage du palais d’Hamilcar dans Salammbô, le dernier acte d’Hérodiade, la Navarraise toute entière, auxquels on pourrait bien joindre des exemples tirés du vieux répertoire, comme la marche d’Aïda et certains passages d’Hamlet. Je ne vois véritablement dans toute l’œuvre de Wagner, qu’une page aussi bruyante, c’est la scène de Mime et du voyageur au 1er acte de Siegfried. Mais, en général, le Maître n’emploie un très grand nombre de cuivres que pour varier les timbres ; il ne les utilise que successivement et d’une façon extrêmement ménagée.

Le Crépuscule comporte 8 cors, 4 tüben, une contrebasse tuba, 3 trompettes et une trompette basse, 4 trombones et un trombone contrebasse. À Bayreuth, les tüben sont tenus par les musiciens chargés des quatre dernières parties de cors : les parties sont écrites de façon à rendre ces alternances possibles.

La batterie se compose essentiellement de