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revue musicale de lyon

chant : modes dorien, hypodorien, ionien, etc.

En adoptant les éléments grecs, l’Église adopta-t-elle les airs grecs eux-mêmes, ce qu’on appelle les nomes en en changeant, bien entendu, les paroles ? Quelques-uns l’ont affirmé, mais Dom Mocquereau soutient la thèse contraire.

En admettant que les airs du plain-chant aient été composés par l’Église même, quels en furent les auteurs ? Remarquons le mot auteur, et non compilateurs. Vraisemblablement, ce furent des chantres très versés en leur art, encouragés par les premières Pères qui favorisaient beaucoup la musique, et dont le nom ne nous est pas parvenu. Saint Ambroise, au ive siècle, a, pense-t-on, le premier ordonné un système musical et composé beaucoup d’antiennes conservées dans la liturgie ambrosienne de Milan. Une fois composées ces antiennes et mélodies primitives, qui les réunit en un seul livre ? La tradition indique, comme auteur de ce travail, le Pape Saint Grégoire le Grand (590-604). Saint Grégoire réunit dans son Sacramentarium et son Liber antiphonarius, réforma et compléta les chants jusqu’alors usités ; il inventa les neuves, notation composée d’accents qui fixait les mélodies. Le chant ainsi collationné ou composé par saint Grégoire se répandit universellement et supplanta le chant ambrosien qui avait perdu de sa simplicité primitive. Une autre opinion, due à M. F. Gevaert, directeur du Conservatoire de Bruxelles, attribue la compilation des chants de l’Église aux papes Helléniques de la fin du viie et du commencement du viiie siècle, saint Agathon, saint Léon ii, Sergius Ier, et Jean vi ; mais cette opinion est loin d’être la plus commune.

(À suivre).

Jean Vallas.

Chronique Lyonnaise

GRAND-THÉÂTRE


Le Caïd

Il y a deux façon de comprendre le Caïd : ou bien c’est la quintessence du genre italien, ou bien c’en est la parodie. Comme il est probable que les lecteurs de la Revue Musicale ont quelque peu perdu de vue le sujet dont est cas, nous allons leur rappeler brièvement les éléments du problème.

Le livret qui est de Sauvage peut s’analyser ainsi : un coiffeur nommé Birotteau voisine chastement avec une modiste intitulée Virginie. Comme, tout en voisinant, ils mouraient de faim, ils ont quitté leur patrie c’est à dire la rue Vivienne, pour aller s’établir en Algérie. La, ils continue, comme dans la Périchole, à ne pas trouver assez d’argent pour payer le maire et le curé, mais Birotteau malin et gascon comme d’Artagnan, a une idée de génie. Son voisin le caïd chargé des rondes de nuit dans la ville, est abreuvé d’amertume et de coups de bâton par ses administrés. Il a promis 20.000 boudjous à qui lui donnerait un procédé pour savoir quels sont les misérables qui lui manquaient ainsi de respect. L’idée de Birotteau est simple comme tout ce qui est grand. Le caïd lui remettra publiquement la somme en déclarant qu’il l’échange contre une recette infaillible, et les Arabes ayant peur d’être reconnus se tiendront cois désormais. L’idée est bonne, mais le caïd la trouve un peu chère : il combine une transaction. Au lieu de 20.000 boudjous, il donnera sa fille en mariage, et Birotteau n’aura qu’a attendre l’heure d’hériter. Par malheur, Virginie est jalouse, et d’autre part, Fatma est éperdument éprise d’un tambour-major. Le second acte se passe en pourparlers au cours desquels le Caïd est quelque peu bâtonné, et tout finit par deux mariages.

C’est, comme on le voit, moins compliqué que le Trouvère ou même que le Crépuscule des Dieux, mais enfin çà pourrait suffire pour