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d’une source unique, autorisée et obligatoire que la tradition unanime nous dit être les livres liturgiques de S. Grégoire-le-Grand ?

Une fois donnés les quelques renseignements historiques nécessaires, il nous faut passer à une étude sommaire elle aussi, de la technique musicale elle-même du chant que désormais, nous appellerons de son vrai nom le chant grégorien, pour qu’on ne le confonde pas avec ce qu’on est convenu de nommer plain-chant, et qui n’est souvent qu’un monotone chapelet de notes sans suite, et pour qu’on sache bien que toutes nos indications et nos références porteront sur le texte des livres de Solesmes.

(À suivre)

Jean Vallas.

Chronique Lyonnaise

Quatuor Tchèque

(4e Concert de la Société lyonnaise de Musique Classique)

On dit : menteur comme un programme et l’on a joliment raison. Vendredi 18 mars, les quatre membres du quatuor Tchèque font leur entrée sur l’estrade. Ils saluent, on applaudit, ils s’installent devant leurs pupitres, ils ajustent leurs instruments ; ils lèvent leurs archets, prêts à l’attaque. Un silence attentif s’établit soudain parmi les auditeurs qui garnissent plus nombreux que de coutume la Salle Philharmonique. Toutes les oreilles sont tendues, on ne veut pas perdre une note. Les Tchèques débutent. Au lieu de la joyeuse marche militaire qui ouvre le quatuor en sol no 77, de Haydn c’est la souriante phrase du quatuor en si bémol, no 73, qu’ils attaquent.

Pourquoi cette substitution décidée évidemment au dernier moment ? sans doute parce que le quatuor Hugo Herrmann avait précédemment joué ce même quatuor en sol. Somme toute on a bien fait de nous octroyer une œuvre pas encore entendue, du moins depuis longtemps. Nous n’avons pas perdu au change, attendu que le quatuor no 73 qui a été exécuté, n’est sous le rapport de l’importance et de la beauté nullement inférieur au quatuor no 77 inscrit au programme.

Ce quatuor, baptisé l’Aurore, les Tchèques l’ont joué incomparablement avec une admirable compréhension du mouvement, du caractère, du sentiment de chaque partie. Un de mes voisins, en applaudissant à tout rompre, s’est exclamé : « Je parie que Haydn n’a jamais eu la joie d’entendre une exécution aussi parfaite. » C’est fort possible, mais comment élucider cette question ? Il est certain qu’il se rencontrait du temps d’Haydn bon nombre d’excellents instrumentistes et de très habiles violonistes parfaitement capables d’exécuter les parties de premier violon considérées encore comme très difficiles par les artistes de nos jours. Les quartettistes contemporains de Haydn ont-ils jamais joué l’Aurore aussi bien que les Tchèques ? Nous n’en saurons jamais rien. Nous pouvons affirmer à coup sûr qu’ils ne l’ont pas jouée mieux.

Haydn a composé ses dix premiers quatuors dans la maison de campagne de son ami Frünberg, écuyer tranchant de la Cour. À peine recopiés ces quatuors étaient joués par le curé de l’endroit (premier violon) le maître du logis (second violon) Haydn (alto) et Albuchsberger (violoncelle). On est en droit, sans en médire, de supposer que ces exécutions hâtives de quatuors à peine éclos, ne valaient pas celles que les Tchèques auraient pu en donner.

Les Tchèques ont eu bien raison de nous faire entendre un quatuor de leur compatriote Dvorak. Des quartettistes français qui visiteraient Prague sans jouer une œuvre de Vincent d’Indy ou de Saint-Saëns seraient grandement coupables. Le quatuor en la bémol (op. 105) de Dvorak n’était connu que d’un nombre restreint de professionnels et d’amateurs. Il a plu par la clarté limpide des mélodies et la belle simplicité des harmonies. Dvorak actuellement directeur du Conservatoire de Prague est le fils d’un aubergiste d’un petit village de Bohême. Il a été boucher. Il a conquis de haute lutte sa notoriété et sa