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revue musicale de lyon

Cette seconde série de représentations fut très suivie par un public nombreux, et généralement assez enthousiaste.

Léon Vallas.

LES CONCERTS

Concert Risler

Tout a été dit sur Édouard Risler et depuis plusieurs années déjà, on le considère généralement comme le premier pianiste actuel.

Chez cet artiste, qui est un virtuose merveilleux, la virtuosité semble disparaître, on la remarque à peine, on l’oublie et l’on est pris tout entier par la puissance incomparable de compréhension que manifestent ses interprétations des différents maîtres. La sonate en fa de Mozart fut délicieusement chantée, par M. Risler et la sonate en la bémol (op. 160) de Beethoven traduite avec une intensité admirable. Nous regretterons seulement que le grand artiste, qui est l’interprète rêvé de Beethoven, n’ait pas joué d’autres œuvres du maître de Bonn au lieu de nous faire entendre trois piécettes de M. Gabriel Fauré (6e Nocturne) en si bémol ; d’impromptu en la bémol, et 3e Valse-caprice), d’une insignifiance rare.

Le public était très clairsemé dans la salle Philharmonique ; ce peu d’empressement s’explique peut-être par le choix du programme de M. Risler, mais certainement par la surabondance des concerts annoncés pour cette fin de mois et par les représentations de la Tétralogie ; Wagner est un voisin bien

encombrant.

L. V.

Concert des Artistes Musiciens

Le 25 avril aura lieu un grand concert donné par la Société des Artistes musiciens de Lyon, orchestre de 120 musiciens sous la direction de M. Flon.

Au programme : Sonate de Franck, par MM. Jacques Thibaud et Raoul Pugno, Préludes de l’Ouragan de Bruneau, 4e Concerto pour piano et orchestre de Saint-Saëns. Diverses autres œuvres pour orchestre ou piano.

Concerts Symphoniques Municipaux

Nous avions déjà annoncé, au mois de décembre dernier, le projet qu’avait formé l’administration municipale, de donner en fin de saison quelques concerts symphoniques.

Le premier concert sera donné le 30 avril sous la direction de M. Flon, et avec le concours du célèbre violoniste Jan Kubelick.

Nous rendrons compte dans notre prochain numéro du concert donné lundi par l’UNION DES FEMMES DE FRANCE.

Nous annoncerons toutes les œuvres musicales et les ouvrages se rapportant à la musique adressés à la Rédaction et nous rendrons compte des plus importants.

À TRAVERS LA PRESSE

La Musique Française

Les opinions paradoxales de M. Debussy sont toujours d’un intérêt piquant. Voici son appréciation sur la musique française, telle qu’il l’a exprimée au cours d’un interview demandé par M. Paul Landormy qui vient de terminer une enquête sur l’état actuel de la musique française.

La musique française, c’est la clarté, l’élégance, la déclamation simple et naturelle ; la musique français veut, avant tout, faire plaisir. Couperin, Rameau, voilà de vrais Français ! Cet animal de Gluck a tout gâté. A-t-il été assez ennuyeux ! assez pédant ! assez bourgeois ! Son succès me paraît inconcevable. Et on l’a pris pour modèle, on a voulu l’imiter ! Quelle aberration ! Jamais il n’est aimable, cet homme ! Je ne connais qu’un autre musicien aussi insupportable que lui : c’est Wagner ! Oui, ce Wagner qui nous a infligé Wotan, le majestueux, le vide, l’insipide Wotan !…

Berlioz est une exception, un monstre. Il n’est pas du tout musicien ; il donne l’illusion de la musique avec des procédés empruntés a la littérature et à la peinture. D’ailleurs, je ne vois pas grand chose de particulièrement