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1re  Année
No28
Mercredi 4 Mai 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mercredi de chaque Semaine, du 15 Octobre au 1er  Mai

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Jean VALLAS ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

La REVUE MUSICALE DE LYON devait interrompre sa publication à la fin du mois d’avril. À l’occasion des concerts symphoniques que doit donner l’orchestre municipal, nous publierons deux numéros supplémentaires : l’un paraîtra le 18 mai, l’autre à la fin du mois.

La REVUE MUSICALE DE LYON reprendra sa publication hebdomadaire le 15 octobre prochain.

LIEDER FRANÇAIS
(suite)

Charles KŒCHLIN

Au mois de décembre 1902, à l’occasion d’une enquête ouverte par la Vie Musicale sur Les Rapports de la Musique avec les Lettres et les Mathématiques, M. Charles Kœchlin écrivait les lignes suivantes :

« Des gens du monde m’ont souvent affirmé que les mathématiques servent beaucoup pour l’étude de l’harmonie, et qu’il y a de nombreuses affinités entre la musique et les sciences exactes. Il est vrai que les hommes se plaisent à parler de ce qu’ils ignorent ; ils le font toujours avec assurance. Et puis, les mots techniques dont ils ne savent point la signification, ont un charme de plus, l’attrait du mystère, la poésie du vague et du rêve. Pour qui ne les connaît point, les mathématiques et la musique, problèmes insondables, deviennent une partie du grand Inconnu, quelque chose de divin. (Il faut avouer qu’à les étudier, à les approfondir, on y rencontre toujours de nouveaux problèmes, et le mystère demeure toujours à l’horizon de la Science et de l’Art)…

« Il y a dans l’exécution d’un morceau de musique, des éléments que les mathématiques ne peuvent pas représenter, de même que les lignes d’une figure humaine ne peuvent être définies par une formule algébrique. Ces éléments sont les nuances de toutes sortes qui font vivre une œuvre et lui sont aussi nécessaires que les notes elles-mêmes…

« Arrivés au bord de l’inconnaissable, il faut s’arrêter ; et cette petite étude apparaît, à présent, comme un composé de vérités évidentes et d’aveux plus nombres d’ignorance. Il doit en être ainsi, chaque fois que l’on tente de réfléchir un peu profondément. Et, suprême ironie (mais, à tout prendre, consolante), la solution introuvable de ces problèmes est l’éternelle chimère de l’humanité consciente : mais c’est la chimère bienfaisante qui nous fait vivre, et, nous montrant que nous existons, nous donne des forces nouvelles pour penser, souffrir et aimer. »