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comme toujours extrêmement soignées. D’intéressantes études sur les questions théâtrales trouvent leur place dans le Supplément de l’Art du Théâtre : une enquête de M. Caye sur « La Folie et les Comédiens » et une remarquable étude de M. A.-E. Sorel sur Henri Lavedan, un des auteurs de Varennes.

Les planches hors texte de l’Art du Théâtre sont consacrées à Mlle Bréval, à Mme Carré, et à une scène de la Montansier.

Vient de paraître chez M. Chatelard, l’éditeur lyonnais, une intéressante mélodie de M. Darcieux Ainsi que l’Onde écrite sur un exquis poème de M. A. Perretière.

Nouvelles Diverses

Le violoniste Kubelik qui triomphe partout fut, paraît-il, très mal accueilli le 15 mars dernier à Linz. Le concert donné dans cette ville, a été l’occasion d’une violente manifestation de la part de la population allemande contre cet artiste, qui est de nationalité tchèque. Les manifestants, armés de cannes et de pierres, ont envahi la salle du concert, brisé des vitres et jeté des pierres sur M. Kubelik. Le public a été forcé de quitter la salle. Devant l’Hôtel où était descendu M. Kubelik, les manifestations antitchèques se sont renouvelées.

Anecdote dédiée à M. Broussan. — On sait que, à l’Opéra, en 1902, lors de la création de Siegfried, M. Taffanel et M. Paul Vidal avaient refusé de procéder aux mutilations de la partition voulues par M. Gailhard. Ces coupures furent opérées quand même et, comme on faisait remarquer que les enchaînements seraient difficiles, le directeur de l’Opéra, dont les lauriers empêchent sans doute M. Broussan de dormir, répondit : « Bah ! avec le système chromatique tout s’arrangera !… »

Une improvisation de Liszt sur une valse de Strauss. — C’était à Vienne, en février 1840. Depuis trois mois Liszt donnait des concerts et la fièvre d’enthousiasme qu’il avait excitée ne se calmait pas. Un soir qu’il jouait au bénéfice d’un hôpital de la ville, après plusieurs morceaux de Beethoven, de Weber, de Schubert, après deux longues fantaisies sur les Huguenots et la Somnambule, après ses Marches hongroises, Liszt avait épuisé son programme sans avoir réussi à rassasier de musique son auditoire enthousiasmé. Il était minuit et la température de la salle avait atteint un tel degré que l’eau ruisselait des murailles. Personne ne se disposait à sortir. Tout à coup une voix cria : Une improvisation ! Le cri fut répété par toutes les bouches. Liszt fit signe qu’il était prêt à satisfaire au vœu général. Un comité se forma, on recueillit dans l’assistance des titres de morceaux. Trois réunirent la majorité : l’Hymne autrichien d’Haydn, une cantilène de Thalberg et une valse de Strauss. Le comité fut d’avis que le dernier morceau ne pouvait former avec les autres qu’un élément disparate et voulut le supprimer. Mais Liszt déclare qu’il en ferait un « appendice » et demanda qu’il fut maintenu. En fait, ce motif soi-disant hétérogène devint le point culminant de son improvisation ; cette mélodie, ce thème à trois temps d’une grâce incomparable, orné des plus brillantes arabesques, s’éleva peu à peu jusqu’à l’entraînement, jusqu’à la puissance et devint un véritable « dithyrambe de la joie. » Le titre de la valse : La Vie est une Danse, La Danse est une vie, avait été pleinement compris et interprété par Liszt dans sa géniale improvisation.

La ville de Nuremberg, mue par un sentiment des plus louables, désireuse de conserver à la postérité une de ses gloires locales, a décidé d’acheter la maison du chanteur populaire Hans Sachs pour la convertir en musée.

Uthal l’Opéra de Méhul dont le sujet, tiré d’un poème d’Ossian, exigeait une musique d’un coloris très sombre, vient d’être donné avec un grand succès au théâtre de la cour, à Dessau. C’est dans cet ouvrage que le compositeur employa les altos à l’exclusion des violons, se proposant d’arriver ainsi à conformer entièrement la sonorité de son orchestre au caractère spécial des chants gaéliques ; cela fit dire à Grétry, au sortir de la répétition : « J’aurai bien donné un écu pour entendre une chanterelle ».

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.