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revue musicale de lyon

— Est-ce que l’on exécute à Paris de semblable musique ?

Je me contentai de répondre :

— Hélas ! Saint-Père, hélas !

— Continuez donc votre œuvre, reprit le Saint-Père en se levant. Je vous promets que votre école recevra bientôt un témoignage public de l’intérêts que nous portons à ses efforts. Vous verrez que peu à peu tout le monde viendra à vous.

Et M. Bordes conclut son article par les réflexions suivantes :

Pourtant, il ne faut pas se le dissimuler, cette réforme ne s’accomplira pas sans difficultés ni sans résistances. Le peuple s’est déshabitué de toute participation à la liturgie et l’introduction dans le chant sacré des solistes, de l’orchestre, des chœurs séparés a fait oublier au clergé la méthode grégorienne. On s’est accoutumé à faire appel au concours d’artistes qui ont transformé les chants religieux en une sorte d’exécution théâtrale et, aussi bien à Paris qu’à Rome, bien des gens vont à l’église comme ils iraient au théâtre.

Ici même, à Rome, malgré les ordres du Saint-Père, il s’est trouvé des églises où l’on a tenté d’éluder la réforme. Songez ce que cela pourra être ailleurs ! On ne se privera pas sans regret de ces compositions musicales prétendues sacrées, avec agrément de cavatines, de duos et de soli, qu’on avait introduites dans les églises. On se fera mal à l’idée de ne plus pouvoir exécuter, même aux cérémonies pour ainsi dire particulières, comme un office mortuaire ou une messe de mariage, le Pie Jesu de Stradella, le Requiem de Mozard ou l’Ave Maria de Gounod. On redoutera de voir diminuer la foule qu’attirait la musique profane. Cela se produit en ce moment dans les églises romaines, cela pourra se produire, au moins dans les premiers temps, à Paris.

Mais quand la réforme sera accomplie ; quand les Commissions qui vont être nommées en France, en Allemagne, en Espagne, etc., auront fonctionné pendant un certain temps ; quand les écoles instituées auront formé un nombre suffisant de choristes capables d’exécuter la musique sacrée ; quand, enfin, les musiciens qui sont déjà à la besogne auront fourni les compositions destinées à remplacer celles qui seront proscrites, le public comprendra, j’en suis persuadé, que Pie x a eu raison d’entreprendre cette grande œuvre et d’y persévérer jusqu’au bout. Et je m’honorerai d’avoir contribué dans la mesure de mes moyens, avec la Schola cantorum, à la restitution de cette musique grégorienne qui va redevenir celle de toute l’Église catholique.

BIBLIOGRAPHIE

Nous signalons à nos lecteurs dans la Revue d’Histoire de Lyon, excellemment dirigée par M. Charléty, professeur à la Faculté des Lettres, un chapitre d’une étude de MM. Roustan et Latreille sur Lyon contre Paris après 1830. Dans ce chapitre consacré au développement de la musique dans notre ville vers 1830, nos lecteurs trouveront d’intéressants détails sur la campagne pour le Conservatoire, les articles de M. Maniquet, le Cercle Musical de Lyon, sur les artistes de passage et les deux voyages de Franz Liszt et les concerts donnés par le grand artiste.

Signalons aussi dans ce même numéro de la Revue d’Histoire de Lyon l’article bibliographique de notre distingué collaborateur F. Baldensperger sur l’ouvrage de M. Reuchsel, la Musique à Lyon. Nous avions annoncé il y a quelques mois notre intention de rendre compte de cet ouvrage de M. Reuchsel ; nous y avions renoncé car, en disant en toute franchise notre opinion, nous risquions de désobliger vivement un jeune homme plein de bonne volonté qui, tour à tour violoniste, compositeur et musicographe, a fourni une somme de travail certainement considérable pour essayer d’écrire une histoire de la musique à Lyon qui n’est qu’une compilation sans intérêt de documents banals et non ordonnés, un monument élevé à la gloire de personnalités lyonnaises peut-être très connues dans le monde spécial des orphéons, mais pourtant notoirement obscures, une réclame mal déguisée pour la personnalité un peu encombrante du jeune auteur.

L. V.

L’Art du Théâtre. — Voici les pièces présentées dans le dernier numéro : la Montansier, au théâtre de la Gaîté, la Fille de Rolland, à l’Opéra-Comique, le Mannequin d’Osier au théâtre de la Renaissance, l’Esbroufe au Vaudeville, Don Quichotte au théâtre Victor-Hugo. Les illustrations de l’Art du Théâtre sont