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l’insuffisance s’est déjà trop manifestée ?

Quoi qu’il en soit, dès le milieu de la saison dernière, M. Broussan avait déjà arrêté ses plans pour l’année prochaine. En homme prévoyant et qui sait mettre à profit les enseignements du passé, il s’est dit : « L’opéra-comique n’a pas fait un sou cette année ; donc les Lyonnais n’aiment pas l’opéra-comique : nous n’en jouerons point l’année prochaine… »

Ce raisonnement est empreint de cette logique admirable à quoi nous accoutument tant les jolies femmes. Le directeur artistique de nos théâtres municipaux n’a pas songé une minute que l’échec accidentel de l’opéra-comique était peut-être imputable, non pas aux préférences de nos compatriotes, mais au mauvais choix du répertoire de ce genre et à la façon dont il fut généralement massacré cet hiver et, tranquillement, avec la conscience du devoir accompli, il nous prive d’entendre l’an prochain des œuvres fortes ou charmantes comme Carmen, Werther ou Manon.

M. Broussan a, d’autre part, indiqué les grandes lignes de ses projets. Il y aurait d’abord une reprise des Maîtres-Chanteurs et peut-être de Tristan et Isolde ; avec Mlle Janssen et M. Verdier, on peut espérer des soirées wagnériennes excellentes. Puis, pour remplacer l’opéra-comique, on jouera beaucoup de « grands opéras » du répertoire ; enfin, comme grand événement sensationnel, comme pendant à la tétralogie wagnérienne du mois dernier, il y aurait une trilogie d’œuvres de Gluck, c’est-à-dire que nous pourrions entendre, en trois jours sans doute, Orphée, Iphigénie et Armide. De bons esprits jugeront sans doute cette idée d’excellente ; je me permets de la trouver détestable… Je n’ai pas l’intention de faire ici le procès de Gluck qui, musicien de cour, me semble trop uniformément magnifique, pompeux et… ennuyeux mais je raisonne simplement comme devrait raisonner le directeur du théâtre en estimant très malencontreux de vouloir jouer trois œuvres d’un compositeur qui n’a jamais « fait un sou » à Lyon. Faut-il rappeler les représentations d’Iphigénie données, il y a deux ans, devant les banquettes, ou celles d’Orphée presque désertées en dépit de l’admirable interprétation du principal rôle par Mme Bressler-Gianoli, artiste de premier ordre qu’on ne remplacera jamais ici ?

… Si je voulais du bien à M. Broussan, je lui donnerais encore une série de bons conseils basés sur les expériences de ses prédécesseurs et je lui recommanderais avant tout deux choses : ne rien juger a priori et pratiquer un sage éclectisme excellent au double point de vue artistique et financier.

Léon Vallas.

LES CONCERTS

Concert Sarasate

Au cours d’une soirée donnée le 20 mars au Casino par une Société de notre ville, s’est fait entendre la célèbre virtuose violoniste Sarasate.

M. Sarasate, qui ne nous a pas semblé posséder toute sa perfection de jadis, a interprété l’andante de la Sonate à Kreutzer, la Fée d’amour de Raff, deux pièces de Bach, et plusieurs pièces sans intérêt de sa composition.

Il était assisté de Mme Marx-Goldschmitt, une pianiste de valeur, qui a joué la Pastorale de Mozart, la deuxième Rapsodie de Liszt et la Barcarolle de Chopin.

J. C.

Concert des Femmes de France

Nous avions eu déjà le plaisir d’entendre M. de Greef, il y a quelques années, à l’un des Symphoniques de MM. Jemain et Mirande et nous ne pouvons que remercier l’Union des Femmes de France qui nous a de nouveau procuré la satisfaction d’applaudir au con-