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Page:Revue belge de philologie et d’histoire, Tome 1.djvu/101

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La date dans les actes


de Philippe le Bon (1419-1467)


De nos jours, les actes administratifs, tels que les lois et les décrets, sont datés de l’endroit où le souverain qui les signe est présent. Ainsi, des actes donnés par le roi des Belges, Léopold II, le 31 mars, le 24 avril, le 12 juin et le 23 août de l’année 1900, à Laeken, à Wiesbaden, à Gastein et à Ostende, on doit conclure avec une entière certitude que ce souverain se trouvait réellement dans les localités indiquées dans ces pièces.

Peut-on être aussi affirmatif pour les chartes du moyen âge et tirer les mêmes conclusions de leurs données chronologiques ? Pas le moins du monde. Dans son remarquable travail La grande chancellerie royale (1328-1400), M. Octave Morel a établi qu’au xive siècle « l’interprétation de la date d’une lettre royale se réduit, en somme, à un calcul de probabilités, et ce n’est guère qu’en confrontant un ensemble de lettres royales que l’on peut arriver à une certitude morale sur tel ou tel séjour du roi[1] ». Moi-même j’ai montré pour les chartes des ducs de Bourgogne qu’on pouvait difficilement prendre au pied de la lettre leurs éléments chronologiques quant à leur lieu d’émission et à quelles singulières erreurs on aboutirait si on leur accordait une confiance aveugle[2]. Si je reprends aujourd’hui cette question spéciale, à peine traitée jadis,

  1. Publié dans les Mémoires et documents de la Société de l’École des chartes. Paris, 1900, p. 288.
  2. H. Nelis, Catalogue des chartes du sceau de l’Audience. Bruxelles (1915), p. lxv-lxix.