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Page:Revue belge de philologie et d’histoire, Tome 1.djvu/79

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Les limites chronologiques
du moyen âge


Ce n’est pas sans de bonnes raisons que Godefroid Kurth écrivait naguère ces lignes : « À proprement parler, il n’y a pas de moyen âge. Ce nom provisoire, que les dictionnaires de l’avenir ne connaîtront pas, ne désigne en réalité que la jeunesse du monde moderne[1] ». Mais enfin, depuis le xviie siècle[2], le terme est admis, universellement employé par les historiens. Comme cette autre expression discutable : art gothique, l’usage l’a consacré.



Nous ne nous proposons pas de discuter une nouvelle fois la valeur de ces deux mots conventionnels, mais d’apprécier les divers systèmes qui déterminent les bornes du moyen âge. En ces dernières années, en effet, on a cherché, çà et là, à modifier les traditions qui les ont depuis longtemps fixées : « Sous prétexte que le champ de l’histoire s’agrandit sans cesse et que les époques les plus rap-

  1. Qu’est-ce que le moyen âge ? p. 55.
  2. Dès 1639, le Liégeois Rausin écrit dans son ouvrage Leodium : « Qui iniquis dominium ferunt oculis, præter alia fabulantur in quibusdam medii etiam aevi instrumentis magistratum Leodiensem, etc. » ; l’historien allemand G. Horn, dans son Arca Noe (1666) donne le nom de medium aevum à la période qui s’étend de 300 à 1500, après quoi commence l’historia nova. Christophe Keller (Cellarius), dans ses manuels qui eurent en Allemagne un grand succès, adopte cette innovation. Voyez son Nucleus historiae (1676) et surtout son Historia medii aevi a temporibus Constanini magni ad Constantinopolim a Turcis captam (1re éd. 1688 ; 2e éd. 1698).