Aller au contenu

Page:Revue belge de philologie et d’histoire, Tome 1.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prochées de nous ont droit dans l’enseignement à une place légitime, on voudrait élargir démesurément les limites du moyen âge[1] ».

Pendant longtemps — et cette manière de marquer le début et la fin de cette époque est loin d’être abandonnée — on fut d’accord pour adopter comme date initiale 476, l’année de la disparition de l’Empire d’Occident par la déposition de Romulus Augustule et par le passage de l’Italie sous la domination d’Odoacre ; et comme date finale 1453, le moment où fut effacé de la carte le dernier vestige de l’Empire d’Orient par l’entrée à Constantinople des Turcs de Mohammed II.

On a proposé ensuite de déplacer — de peu — ces deux termes, de faire commencer le moyen âge en 395, lorsque Théodose mourant confia l’Occident et l’Orient à ses fils Honorius et Arcadius ; et de le clore en 1492, l’année pendant laquelle Colomb découvrit la première terre dépendant du nouveau Continent[2].

D’aucuns ont, depuis lors, émis l’opinion qu’il conviendrait de pousser jusqu’à 1517, jusqu’au jour où Martin Luther afficha, à Wittenberg, les propositions d’où allait sortir la Réforme protestante.

Plus récemment, on a voulu aller plus loin encore dans le xvie siècle, en reversant, il est vrai, au crédit de l’antiquité une partie du ve. À partir de 1904, les candidats à l’agrégation d’histoire (en France) eurent, entre autres épreuves, à rédiger une composition sur « la période comprise entre 476 et 1559 », l’année du traité du Câteau-Cambrésis. En 1912, par exemple, les futurs agrégés d’histoire ont dû, par application de cette règle, étudier notamment les questions d’histoire du moyen âge portées au programme du concours : l’Italie de 1400 à 1559[3].

  1. L. Bréhier, Revue internationale de l’enseignement, 15 décembre 1909, p. 524.
  2. C’est, par exemple, ce système qui a été adopté par Lavisse et Rambaud, dans leur Histoire générale, t. I-III.
  3. Il est vrai que le programme de la licence ès lettres acceptait, presque simultanément (1907), les dates 395-1492 comme limites du moyen âge. Cette contradiction avait, selon la juste remarque de Ch. V. Langlois, « quelque chose de comique » (Revue internationale de l’enseignement, 15 mars 1909, p. 235).