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LE TAUROBOLE

ET LE CULTE DE BELLONE


Tous les écrivains qui se sont occupés des derniers siècles du paganisme, ont décrit la cérémonie du taurobole et insisté sur l’analogie des idées mystiques qu’on y attachait, avec certaines doctrines du christianisme[1]. Tous ont rappelé ce passage saisissant, où Prudence[2] nous dépeint le prêtre couché dans une fosse et recevant à travers un plancher à claire-voie le sang d’un taureau égorgé au-dessus de lui. « À travers les mille fentes du bois, la rosée sanglante coule dans la fosse. L’initié présente la tête à toutes les gouttes qui tombent, il y expose ses habits et tout son corps, qu’elles souillent. Il se renverse en arrière pour qu’elles arrosent ses joues, ses oreilles, ses lèvres, ses narines, il inonde ses yeux du liquide ; il n’épargne même pas son palais, mais humecte sa langue et boit avidement le sang noir[3]. » Après s’être soumis à cette répugnante aspersion, le célébrant ou plutôt le patient s’offrait à la vénération de la foule. On le croyait purifié de ses fautes par ce baptême, qui lui con-

  1. Il suffira de citer ici le plus récent d’entre eux, Paul Allard, Julien l’Apostat, t. I, 1900, p. 32 s. — Les dernières études spéciales sur le taurobole sont celles de M. Esperandieu, Inscriptions de Lectoure, 1892, p. 94 s. et de Zippel dans la Festschrift zum Doctorjubilaeum Ludw. Friedländer, 1895, p. 489 S.
  2. Prudence. Περὶ στεφ. x. 1011 s.
  3. Je pense qu’il faut distinguer de ce rite un autre moins solennel, où le sang du taureau immolé était recueilli dans un crible et versé sur le fidèle. C’est ainsi que je comprends le taurobolium caerno perceptum, dont on donne d’ordinaire une autre explication. Cf. Cagnat, Bull. arch. com. trav. hist., 1891, p. 529 et Zippel, l. c, p. 508.