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Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/14

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nature qui existent en France et dont plusieurs sont en possession d’une légitime autorité, celle-ci ne sera l’organe ni d’une personnalité ni d’une école. Elle sera ouverte librement à toutes les doctrines, elle accueillera également toutes les études sur la science sociale, à la seule condition que ces études soient inspirées uniquement par l’esprit scientifique et qu’elles répudient toute violence de langage et toute attaque contre les personnes.

En apportant dans leur entreprise cet esprit d’impartialité absolue, les fondateurs de cette Revue n’entendent nullement se poser en sceptiques. Ils ont la foi dans la science et ils en ont aussi le respect ; mais ils prétendent la bien servir en ouvrant un terrain neutre sur lequel les doctrines et les faits pourront être étudiés contradictoirement. Ils espèrent que le rapprochement de doctrines adverses pourra être fécond, qu’il pourra en résulter l’abandon de certaines idées, l’affermissement de certaines autres et peut-être un accord définitif sur certains points essentiels.

L’entreprise n’est-elle point téméraire ? — Peut-être. Mais nous comptons, pour nous aider, sur le concours sympathique de nos confrères de l’étranger. Plusieurs, de divers pays et d’écoles différentes, ont déjà répondu à notre appel ; qu’ils reçoivent ici nos remerciements. Nous en attendons d’autres : ils seront aussi les bienvenus. Nous nous estimerions heureux si cette Revue pouvait servir de lien entre les Universités étrangères et celles de notre pays.

Peut-être les esprits curieux qui, de près ou de loin, suivent le mouvement des idées en France, trouveront-ils quelque intérêt dans la lecture d’une Revue qui leur fera connaître dans quel esprit les sciences sociales sont enseignées dans nos Facultés. Ne nous est-il pas permis d’espérer même qu’ils éprouveront quelque sentiment de sympathie pour une publication qui n’a d’autre souci que d’être sincère, d’autre ambition que de chercher la vérité et qui, s’il lui fallait une devise, n’en voudrait choisir aucune autre que celle de Montaigne : C’est ici un livre de bonne foi, ami lecteur ?


le comité de rédaction.