Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans ce but, quinze leçons, qui pourraient, à ce qu’il semble, se rattacher utilement, comme introduction, au cours d’économie générale des finances et du commerce. » En conséquence, le professeur chargé de ce dernier enseignement devait débuter par un cours d’histoire de l’économie politique dont la haute commission rédigea le programme. Proscrire l’enseignement de l’économie politique proprement dite, et commencer par un cours d’histoire de l’économie politique ! et Dieu sait quelle histoire !

Le vrai motif de ce remaniement n’est pas indiqué dans le rapport, mais M. Jean Reynaud l’a dit un peu plus tard, à l’Assemblée nationale, lors de la discussion du budget rectifié de 1848 : « Il s’agissait de remplacer l’économie politique monarchique et constitutionnelle par une économie politique républicaine. » M. Jean Reynaud résumait ainsi, à sa manière, l’étrange réponse faite par M. de Lamartine à la députation de la Société d’économie politique qui était venue protester contre la suppression de la chaire de Michel Chevalier : « Je ne puis me persuader, messieurs, que les intentions si éclairées et si larges de mon excellent collègue et ami, M. Carnot, aient été bien comprises par la Société des économistes… L’intention du ministre a été de multiplier sous d’autres formes l’enseignement de cette science, qui n’est pas seulement une science spéculative, mais qui doit devenir, selon moi, une science administrative. Mais cette science, citoyens, ne doit plus être, comme autrefois, la science de la richesse. La République doit et veut lui donner un autre caractère. Elle veut en faire la science de la fraternité, la science par les procédés de laquelle non-seulement le travail et ses fruits seront accrus, mais par laquelle une distribution plus générale, plus équitable, plus universelle de la richesse s’accomplira entre le peuple tout entier. L’ancienne science ne s’occupait qu’à faire des individus riches ; la nouvelle s’appliquera à faire riche le peuple tout entier. »

Qu’on ne s’étonne pas trop de tout cela. Il n’y avait pas bien longtemps qu’un ministre de la monarchie constitutionnelle avait dit à Rossi : « Nous inaugurons un régime politique nouveau ; il nous faut une économie politique nouvelle. » À quoi Rossi avait répondu : « Vous tombez bien mal ! Je ne sais que l’ancienne. » Et, quelques mois avant les réformes de M. Jean Reynaud, comme on discutait, à l’Académie des sciences morales, la ques-