Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/262

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On voit donc que les anciens ont possédé le véritable instinct scientifique. Ils ont été unanimes à prendre une seule qualité générale, la faculté d’échange, de vente et d’achat, pour critérium unique et essentiel de la richesse. Ils ont alors cherché et découvert tous les différents ordres de quantités possédant cette qualité et les ont tous compris dans les expressions pecunia, res, bona, merx, — ἀγαθὰ, πράγματα, χρήματα, οὐσία, ἀμφορὴ, — richesse, patrimoine, biens ou valeurs.

Et lorsque nous voyons que le grand problème de la science consiste à découvrir la loi générale unique qui régit tous leurs rapports divers, quiconque est doué du sens mathématique le plus élémentaire, peut immédiatement apercevoir que nous avons là les matériaux d’une grande science mathématique, puisque nous avons un ordre distinct de quantités variables, et qu’il est parfaitement clair que les rapports de cet ordre de quantités variables ne peuvent être soumis à des principes généraux de raisonnements différents de ceux qui régissent les rapports de tout autre ordre de quantités variables.

J’ai maintenant établi qu’il existe un ensemble distinct et certain de phénomènes ou de faits reposant tous sur un même principe, la faculté d’échange ; ils constituent une science définie et distincte, exactement comme les phénomènes ou faits qui ont pour base les principes de la force, de la chaleur, de l’électricité ou tout autre principe physique.

Cette science est sans doute la science du commerce et des échanges ; et s’il fallait l’appeler d’un nom dérivé du grec comme on le fait pour les autres sciences, je montrerais que l’appellation de science économique lui convient parfaitement.

Maintenant, je quitte ces jours heureux où tout le monde était d’accord, et, franchissant des siècles de luttes et de controverses, je ferai voir que les plus éclairés des économistes modernes sont enfin arrivés aujourd’hui à une doctrine identique à celle des anciens.

Henry Dunning Macleod, M. A.