Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/41

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C’est à propos de répartition de la richesse que j’ai été amené à examiner quelques points de doctrine. Je reviens au point de départ. M. Courcelle-Seneuil reproche à l’auteur d’avoir, suivant en cela l’exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, traité en deux livres séparés de la circulation et de la répartition de la richesse. « Voilà, ajoute-t-il, une distinction que nous n’avons jamais pu parvenir à comprendre, sans même nous arrêter à ce mot de répartition qui fait nécessairement songer à un répartiteur. » Je suis vraiment embarrassé pour dire à un penseur aussi pénétrant que M. Courcelle-Seneuil, que tout cela me paraît très facile à comprendre. Il est choqué par ce mot de répartition qui, dit-il, fait nécessairement songer à un répartiteur. Mais le mot distribution, dont il me semble difficile de ne pas se servir, fait penser à un distributeur. D’ailleurs, ce répartiteur existe : sous un régime de liberté, c’est le contrat qui intervient entre ceux qui concourent à la confection des produits, le contrat de société, de louage des choses ou des services.

Mais M. Courcelle-Seneuil, me donne raison lorsqu’il critique justement l’ordre dans lequel l’auteur a traité de ces deux parties qu’il ne voudrait pas voir séparées : « Si l’on veut séparer ces deux branches d’étude, dit-il, nous croyons qu’il faut commencer par la répartition qui est la principale et semble plus élémentaire, et non par la première, qui est infiniment plus spéciale et plus compliquée. » Mais ne voilà-t-il pas de bonnes raisons à la fois pour exposer séparément la répartition et la circulation, et pour commencer par la répartition ? Quoi qu’on en ait dit, on reconnaît bien là la réalité de la distinction, qu’on a rejetée, puisqu’on indique le caractère propre à chacune de ces deux branches d’études, l’une élémentaire et principale, l’autre plus spéciale et plus compliquée. Et rien n’est plus vrai. Les questions qui s’élèvent sur ces deux théories économiques de la répartition et de la circulation présentent des difficultés de genres tout différents. « Sans doute, dit M. Courcelle-Seneuil, les richesses circulent en même temps qu’elles se répartissent ; mais pourquoi distinguer dans une exposition scientifique deux faits qui sont liés et simultanés dans la pratique ? » Je réponds que l’exposition scientifique a précisément pour objet d’étudier séparément les faits, toutes les fois que cela est possible, sauf à en montrer ensuite la liaison et la simultanéité. C’est ainsi que dans