Page:Revue d’économie politique, 1887.djvu/42

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les sciences naturelles, on distingue l’anatomie et la physiologie : l’anatomie qui décrit chaque organe et sa fonction spéciale ; la physiologie qui considère le jeu simultané de tous ces organes. La vie est un phénomène indivisible, mais les fonctions dont l’accomplissement constitue la vie sont multiples. Celui qui a parcouru le domaine entier de la science l’embrasse d’un regard et perd de vue les divisions et les distinctions que lui a imposées le travail d’observation et d’analyse rationnelle ; il faudra bien qu’il y revienne dans une exposition méthodique à l’usage de ceux qui ne savent pas. S’il ne faut pas s’égarer dans les détails, il ne faut pas non plus s’obstiner à ne considérer qu’un ensemble plus ou moins confus. On a dit : Les arbres empêchent de voir la forêt ; mais il ne faut pas que la vue de la forêt empêche de voir les arbres.

Je ne crois pas que l’avenir de l’économie politique dépende de ces questions de division et de subdivisions qui sont chose plus ou moins factice. Je ne crois pas non plus qu’il soit irrémédiablement compromis par les imperfections qui ont marqué les débuts de son enseignement tel qu’il a été donné dans les Écoles de droit. Comme on l’a vu, cet enseignement a été apprécié diversement, avec bienveillance par les uns, avec sévérité par les autres. La justice est au milieu, plus près peut-être de la bienveillance qui n’exclut pas la critique, mais qui ne décourage pas, que de cette sévérité que rien n’atténue et qui décourage. Quoi qu’il en soit, je pense avec Bastiat, avec Joseph Garnier, avec M. Baudrillart, avec bien d’autres encore, que le résultat sera bon. Je m’affermis dans cette opinion quand je songe à ce qu’était l’économie politique il n’y a pas bien longtemps. On a lu ce qu’en dit un des maîtres de la science, et encore ne parlait-il que de ceux qui, à plus ou moins juste titre, se posaient en économistes. Qu’était-ce donc pour la masse ? C’était le dédain, le dénigrement, une sorte de misère intellectuelle affligeante. Qu’on ne s’y trompe point, un grand progrès a été réalisé, le jour où on a fait une large place à l’économie politique dans les cadres de l’enseignement public. La science en a profité, quoi qu’en aient dit quelques esprits chagrins qui repoussaient ce présent funeste de l’État. Le goût s’en est répandu ; son enseignement se perfectionnera et les saines doctrines prévaudront.

Il m’a paru que ces considérations sur l’enseignement de l’éco-