formations. La plus importante est celle dont nous sommes témoins, et dont l’honneur revient incontestablement, sinon pour le tout, au moins pour la plus grande partie, à un effort intellectuel de l’Allemagne. La transformation qui s’est accomplie dans ces derniers temps, consiste dans une conception nouvelle de l’économie nationale et de la science qui s’en occupe ; du domaine, de la méthode, du but, de la portée des études économiques ; des principes d’une politique économique et sociale rationnelle, et de leur mise en pratique ; toutes choses qu’on pourrait résumer dans ces termes : rupture avec la doctrine jusqu’ici dominante, c’est-à-dire avec l’absolutisme et le cosmopolitisme d’une théorie abstraite, atomistique, matérialiste et individualiste. L’économie politique est devenue la science réaliste, exacte, historico-éthique, de l’État et de la société[1]. » J’éprouve le besoin d’affirmer que j’ai traduit ces dernières lignes aussi exactement que possible ; mais elles perdent nécessairement dans la traduction quelque chose de leur saveur historico-éthique et anti-atomistique.
M. Emile Sax est un des ouvriers enrôlés par M. Schönberg pour élever à la science économique ce monument d’ordre composite, je dirais presque cette tour de Babel économique. Tous ces ouvriers, en effet, ne parlent pas précisément la même langue scientifique. M. Emile Sax et M. Lujo Brentano y coudoyent M. Adolphe Vagner dont les doctrines confinent au socialisme. Aussi M. Emile Sax n’a-t-il fourni au Manuel qu’un article, très intéressant sans doute, mais d’un caractère technique[2], et d’une importance secondaire au point de vue des principes essentiels de la politique sociale. On ne l’avait probablement pas trouvé suffisamment historico-athique. Quant à M. Lujo Brentano c’est bien mieux. On avait eu l’imprudence de lui confier La question ouvrière. Or, il s’est trouvé que M. Brentano est, non seulement un partisan de la propriété et de la liberté, mais encore médiocrement enthousiaste de l’intervention de l’État, de l’assurance obligatoire, etc. Qu’est-il arrivé ? Le nom de M. Brentano a disparu de la 2e édition du Manuel, en tête de laquelle M. Schönberg, annonce qu’il