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DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE MODERNE
(Deuxième article[1]).


Ce qu’on entend par richesse dans les temps modernes.


Pendant de nombreux siècles, l’argent passa pour la seule richesse. On voyait que l’argent pouvait tout acheter, que, tandis que presque toutes autres choses passaient et périssaient, l’argent restait. Toutes les nations regardaient comme d’intérêt capital d’accumuler autant d’argent que possible.

De la doctrine qui ne voyait de richesse que dans l’argent, il découlait que l’un perdait ce que gagnait l’autre. Et telle était l’idée des hommes d’État les plus sages, idée qui a été pendant des siècles la cause d’innombrables guerres commerciales.

Enfin pourtant, vers la fin du xviie siècle, on commença à reconnaître combien il était déraisonnable de ne voir la richesse que dans l’argent, et l’on comprit sous cette appellation tous les produits matériels de la terre, qui contribuent à la satisfaction et au bien-être de l’homme.

Pendant toute cette période, il y eut un petit nombre d’esprits clairvoyants qui surent apercevoir l’erreur générale et qui se firent les avocats de la liberté d’échange entre les nations, mais ils ne furent que des points lumineux dans les ténèbres, et les ténèbres n’en furent point éclairées. Mais dans cette rapide esquisse, je dois omettre leurs noms, parce que, s’ils ont conseillé comme désirable la liberté du commerce, aucun n’a jamais soupçonné l’existence d’une science économique positive et définie.

  1. V. Revue, mai-juin 1887.