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Page:Revue d’économie politique, 1888.djvu/470

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du globe ? Les qualités personnelles, les billets de banque, les lettres de change, le crédit personnel et les crédits de banque sont-ils extraits des éléments matériels du globe ?

Mill continue pendant cinquante pages, puis il arrive au travail productif, qui est, dit-il, le travail qui produit la richesse ; et alors il découvre tout à coup qu’il a enfin à rechercher ce qu’est en réalité la richesse.

Il écrit alors que « il est essentiel à l’idée de richesse d’être susceptible d’accumulation, » et que la permanence est nécessaire à la richesse. Voilà donc encore un autre changement d’idée, et du coup il exclut le travail du terme « richesse. » Le travail périt à l’instant même où il est accompli. On peut accumuler les produits du travail, mais on ne peut accumuler le travail lui-même ; ou, du moins, la seule personne qui pourrait probablement accumuler le travail même serait le philosophe de Laputa, qui mettait en bouteilles les rayons du soleil.

Quand l’idée de permanence est introduite dans la notion de richesse, la notion tombe immédiatement dans le vague et l’incertain. Les choses ont la permanence à tous degrés, depuis la terre, qui dure éternellement, jusqu’aux objets dont la permanence va constamment en diminuant, tels que l’argent, les bijoux, les maisons, les vêtements, les aliments, jusqu’à ce qu’on arrive au travail. À quel degré de permanence faut-il tracer la démarcation entre les choses qui sont la richesse et celles qui n’en sont pas ?

La loi de continuité dit que « ce qui est vrai jusqu’à la limite est encore vrai à la limite ; » ce qui démontre que le travail, qui a le moindre degré de permanence doit être compris dans le terme richesse au même titre que la terre, qui a le degré le plus élevé de permanence.

Nous avons maintenant à examiner plus particulièrement les doctrines de Mill sur le crédit.

Il dit que toute chose qui a la puissance d’achat est de la richesse.

Puis il dit : « Le total de la puissance d’achat qu’un homme peut exercer se compose de tout l’argent qu’il possède ou qui lui est dû (c’est-à-dire de tous billets et effets qu’il peut avoir) et de tout son crédit. »

« Bref, le crédit a exactement la même puissance d’achat que l’argent. »