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LES ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES DE PRODUCTION

tribué à discréditer l’association de production non seulement en France, mais dans le monde. Pourtant il serait juste de constater que les causes de cet avortement furent plus politiques qu’économiques. Ce fut le coup d’État de Napoléon, et l’avènement du régime impérial, qui en supprimant le droit d’association et même de réunion, frappèrent de mort toutes ces associations ouvrières, surtout celles à tendances socialistes. La seule conclusion qui s’impose scientifiquement, c’est donc que l’expérience a manqué par une cause perturbatrice accidentelle, et qu’il n’est pas permis de préjuger ce qu’elle aurait pu donner dans des conditions normales.

Enfin on sait encore que ce même gouvernement de Napoléon III, qui s’était présenté d’abord comme l’Hercule destiné à terrasser l’hydre du socialisme (et ce fut la principale cause de son succès auprès de la classe bourgeoise effrayée), prit plus tard les allures d’un césarisme populaire. Il chercha à se concilier les classes ouvrières et se montra favorable aux associations ouvrières. Ceci fut le signal d’un second mouvement coopératif, beaucoup moins brillant que le premier, mais non moins intéressant et que je signale aux investigateurs comme étant encore fort peu étudié. Il se place vers la date 1863 à 1866.

Ce mouvement fut intéressant d’abord parce qu’il chercha à fonder l’association de production sur l’association de crédit ou du moins sur des institutions de crédit destinées à leur avancer les capitaux nécessaires. Il le fut aussi parce qu’il fit apparaître pour la première fois des divergences d’opinion sur la façon de comprendre le but de la coopération. On vit trois tendances aux prises ; chacune représentée par une institution de crédit : — le coopératisme officiel et gouvernemental représenté par la Banque des associations coopératives, qui ne fit rien du tout ; — le coopératisme socialiste, continuateur de celui de 1848, c’est-à-dire visant à l’abolition du salariat, représenté par le Crédit au travail ; — et le coopératisme qu’on pourrait appeler bourgeois, c’est-à-dire se donnant comme but l’épargne et l’acquisition de la propriété, représenté par la Caisse d’escompte des associations populaires, ce dernier dirigé surtout par deux jeunes économistes dont les noms sont devenus plus tard bien connus à des titres différents : Léon

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    tion des ouvriers vanniers — plus une qui date du XIIIe siècle, l’association des mineurs (mines de fer) de Rancié (Ariège).