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EN FRANCE

pas actionnaires ni ne peuvent le devenir, on peut dire que ce n’est plus le type autonome. Il est vicié dans les deux cas. Toutefois, il faut bien avouer que le type pur est assez rarement réalisé. Il arrive très souvent qu’il y ait des associés qui ne travaillent pas dans l’atelier social et bien plus fréquemment encore, qu’il y ait des ouvriers travaillant dans l’atelier quoique non associés. Ce dernier cas est même d’une nécessité presque inéluctable pour toutes les industries dont la production varie suivant les saisons : on est bien obligé d’avoir, à côté du personnel associé permanent, des ouvriers auxiliaires, qu’on embauche dans les moments de presse, et qu’on congédie dans la morte saison.

Toutefois les sociétés qui se réclament du type autonome, même quand elles s’en écartent dans la pratique, s’efforcent de s’en rapprocher le plus possible. Par exemple, elles décident que les membres qui cesseront de travailler dans l’atelier social (à moins que ce ne soit faute de travail à leur fournir ou pour cause de vieillesse ou d’infirmités) perdront leur qualité d’associé et que leurs actions leur seront remboursées. Et elles décident, d’autre part, que tous les ouvriers employés à titre d’auxiliaires temporaires participeront aux bénéfices, ce qui est une quasi-association, ou même pourront devenir actionnaires par la capitalisation à leur crédit d’une part de ces bénéfices, ce qui est précisément ce que les Anglais appellent la copartnership.

Les associations qui se rattachent à ce type plus ou moins modifié, sont assez nombreuses et ce sont celles où se trouvent généralement les coopérateurs les plus convaincus. Malheureusement, ce ne sont pas les plus prospères. Ce ne sont le plus souvent que de petites associations dans la petite industrie. Et celles qui ont prospéré, ce sont précisément, il faut bien le confesser, celles qui ont sacrifié délibérément et même cyniquement le principe de la république coopérative, c’est-à-dire celles qui se sont refusées à admettre indéfiniment dans leur sein de nouveaux membres à titre d’associés, parce que les anciens membres n’ont plus voulu partager les bénéfices avec les ouvriers de la onzième heure. Du jour où ces associations ont vu venir la fortune, elles se sont fermées et elles n’ont plus employé pour leurs besoins que des ouvriers qu’elles ont laissés dans la condition de simples salariés, sans même leur allouer une part dans les bénéfices.

Parfois aussi le nombre originaire des associés diminue parce