Page:Revue d’économie politique, 1900.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
LES ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES DE PRODUCTION

II

CARACTÈRES SPÉCIFIQUES DES ASSOCIATIONS DE PRODUCTION FRANÇAISES

Les associations françaises de production présentent des caractères très dissemblables — comme celles d’Angleterre d’ailleurs. Celle différenciation est dans la nature même des associations de production, on pourrait même dire qu’il n’y en a pas deux qui soient identiques, tandis que toutes les sociétés de consommation sont au contraire, à peu de choses près, constituées sur le même modèle. Cependant, si diverses que soient ces associations de production, elles peuvent être groupées en un petit nombre de types définis. On a proposé plusieurs classifications — et celle que nous allons suivre ne différera pas beaucoup de celles qui ont été présentées[1].

Nous les ramènerons à quatre types : autonome, corporatif, semi-patronal, et une forme plus nouvelle que ses inventeurs ont appelée l’association intégrale. Pour être complet, il faudrait ajouter un cinquième type, celui de l’association agricole de production. Elle est fort intéressante et a peut-être même plus d’avenir que les autres. Mais nous ne nous en occuperons point dans celle étude, sauf incidemment, car elle ne rentre point dans l’association ouvrière. Elle se compose de propriétaires fonciers et généralement même des propriétaires riches ou au moins aisés.

§ 1. Association autonome.

C’est le type fondamental, du moins pour la France, celui de la république coopérative, celui des pionniers de 1848 et qui leur fut emprunté par Hugues, par Kingsley et les autres socialistes chrétiens, pour être importé en Angleterre. On le reconnaît à ce critérium que tous les membres de l’association doivent être à la fois actionnaires et travailleurs, ou, en d’autres termes, que tout le capital doit être fourni par les ouvriers travaillant dans l’association. Si donc on voit une association avec des actionnaires non ouvriers — ou même ouvriers mais travaillant en dehors de l’atelier social — ou réciproquement, une association employant des ouvriers qui ne sont

  1. Voy. pour les associations de production en France, la classification de M. Fontaine dans le livre les Associations ouvrières déjà cité, et pour les mêmes associations en Angleterre, la classification de Miss Béatrice Potter dans The cooperative movement.