Alors, seulement, ils parurent étonnés.
— Il est sûr qu’un seul de vous deux est parti avec le ne régiment, — dit Formental.
Comme ils acquiesçaient ensemble, Diane intervint :
— Où vous êtes-vous rendu d’abord ? — demanda-t-elle au premier Givreuse.
— À Montargis. Je suis arrivé le matin, — répondit-il.
— Une colonne immense montait vers la caserne, — continua l’autre.
— L’enthousiasme était effrayant…
Ils s’arrêtèrent toute leur attitude marquait une perplexité intense, mais aussi la plus ardente sympathie.
— Êtes-vous parti d’Avranches ? — demanda Louise.
— Oui, — firent-ils ensemble.
Tous deux dirent ensuite :
— Je me suis arrêté à Paris.
— À l’hôtel ?
— Non, chez moi !
— Attendez ! — dit Fermental. — Il est préférable que vous parliez chacun à votre tour. Je vais alterner les questions. Où habitez-vous à Paris ?
— 15, rue Cimarosa.
— Quel étage ?
— Ma mère et moi occupons un hôtel.
— Où avez-vous dîné le dernier soir ?
— Au Carlton.
— Comment vous êtes-vous rendu à la gare ?
— J’ai pris un fiacre, faute de taxi-auto.
— À quelle heure vous êtes-vous embarqué ?
— À vingt-deux heures vingt.
— Vous n’avez gardé aucun souvenir caractéristique de votre arrêt à Paris ?
— Si. Lorsque je suis revenu du Carlton, deux jeunes femmes m’ont donné des fleurs.
Le docteur avait rigoureusement alterné les questions.
— Êtes-vous d’accord ? — fit-il d’une voix tremblante.
— Oui.
Un même frémissement sembla se communiquer aux autres témoins ; les deux soldats étaient presque calmes.