jalouse de mademoiselle Faubert. Elle estimait l’institutrice ; elle ne lui avait jamais témoigné de cordialité réelle.
— Excusez-moi, madame, — fit Madeleine… — Il n’était pas possible de laisser mademoiselle de Varsennes seule.
— Je l’entends bien ainsi, — répondit froidement la visiteuse. — Nous avons été très inquiets !
Madeleine crut sentir un reproche dans l’intonation.
— J’allais envoyer un télégramme, lorsque monsieur de Givreuse est arrivé.
La comtesse eut un geste vague. Puis, avec colère :
— Pourquoi a-t-elle fait ça ? C’est tellement à l’encontre de sa nature !
— Les circonstances peuvent être plus fortes que le caractère.
— Quelles circonstances ? — exclama madame de Givreuse avec indignation. — Que pouvait-il arriver à Valentine, chez moi ? Je ne suppose pas que personne lui ait manqué de respect ?
— Oh ! Madame, c’est impossible. Mademoiselle de Varsennes n’a reçu de vous-même et de tout le monde que des témoignages d’affection.
— Alors, quoi ?… Elle n’est pas folle…
— Elle est seulement très troublée…
— Encore a-t-elle des raisons ?
— Sans doute, madame.
— Ne pouvait-elle me les confier ? Ne sait-elle pas que je l’aime comme si elle était ma fille !
— Elle le sait… elle vous aime comme une mère.
— Eh bien ?
Madame de Givreuse était généreuse, dévouée et tyrannique ; elle avait peu de pénétration. Cependant, elle pensait bien qu’il s’agissait d’une crise sentimentale, et elle s’attendait, depuis longtemps, à ce que Pierre et Valentine s’aimassent. Elle le désirait.
— Hélas ! — répondit Madeleine, — les personnes qui nous aiment le mieux sont parfois celles à qui nous ne pouvons pas faire certaines confidences.
Madame de Givreuse haussa les épaules :
— Soyons nets, mademoiselle… Pierre a-t-il dit quelque