Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/51

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communicative. Impartial historien, il loue ce qui est à louer avec cet esprit de justice que ne connaissent pas les Allemands, aveuglés parl’égoïsme de leur fol orgueil. Cette période de régénération, il l’appelle « héroïque », et il a raison.


L’œuvre principale, ce sont les deux volumes de l'Évacuation de l’Espagne et l’Invasion dans le Midi, juin 1813-avril 1814[1], à laquelle l’Académie française a décerné en 1914 le prix Thérouanne ; puis, en 1915, pour honorer la mémoire de l’auteur, le plus haute des récompenses dont elle dispose pour les travaux historiques, le grand prix Gobert.

Dans un long rapport, M. Hanotaux a loué ce livre :

Un drame court, parallèle au grand drame qui se joue en Allemagne et sur la frontière du Rhin, une campagne peu connue, présentant des alternatives singulières de vigueur et de découragement, de ténacité sous le feu et le désordre dans les manœuvres des personnalités considérables : Wellington, Soult, Suchet et le général Foy ; des épisodes émouvants, de magnifiques scènes... ; le tableau attachant, poignant d’une retraite sanglante devant un ennemi plus nombreux, mieux approvisionné, bien commandé, soutenu par un enthousiasme patriotique et le sentiment croissant du succès, tel est le sujet de l’ouvrage. Il est traité avec une science parfaite et un art supérieur.

M. Hanotaux lut à l’Académie quelques belles pages du livre : le portrait de Wellington et celui de Suchet ; mais, dit-il, « l’auteur n’est pas un faiseur de portraits » son livre, tout « actif et militaire », n’a rien « du genre littéraire ». Les portraits sont là pour faire comprendre les actions.

Dès le début, sans préface, sans considérations préliminaires, le lecteur est introduit in medias res. Il est saisi par le « fait ». Le fait est très abondant : l’auteur ne le néglige jamais, si petit qu’il soit car « le retard d’un convoi peut disposer des destinées du monde ». Par moments, se détachent les grands épisodes militaires, comme l’héroïque siège de Saint-Sébastien, dramatiquement raconté. Mais, là même où le récit énumère des détails, il a, « sous la sécheresse apparente, quelque chose de vibrant ».

  1. Paris et Nancy, chez Berger-Levrault, 1914. Deux volumes le premier, l'Évacuation de l’Espagne, 596 pages ; le second, l'Invasion dans le Midi, 611 pages.