Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/52

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L’auteur est géographe autant qu’historien : « Cette guerre de montagnes se présente à son imagination comme une guerre de reliefs. Il met toujours sous les pieds des hommes la carcasse de la terre et l’obstacle entre la volonté et la réalisation. »

Et puis, « la minutie du détail ne fait jamais perdre de vue les lignes générales. Chaque incident local est rattaché par un fil caché à l’évolution des événements européens. On sent toujours, invisible et présente, la physionomie lointaine de l’auteur principal du drame, Napoléon. »

Enfin, « l’allure sobre et militaire de l’auteur, l’exactitude de son style, l’art qui, sans chercher l’effet, le trouve dans l’enchaînement même des circonstances du drame achèvent de faire du livre, conclut le rapporteur, « un modèle d’histoire militaire ».


Or, ce livre devait être suivi d’un autre très prochainement. Le commandant Vidal de la Blache laisse en manuscrit deux volumes sur la Campagne d’Eylau et de Friedland, que la Section historique de l’état-major de l’armée voudra certainement publier après la guerre.

Ainsi, en 1908, la Vallée lorraine de la Meuse ; en 1910, la Régénération de la Presse après Iéna ; en 1914, l’Évacuation de l’Espagne et l'Invasion dans le Midi ; et puis, ces deux volumes inédits, en même temps préparés, quel labeur dans cette vie ! Le commandant Vidal de la Blache était un perpétuel travailleur. Il ne voulait ni loisirs, ni distractions. Très réfléchi, enfermé en lui même, rarement un sourire éclairait son sérieux et beau visage.

Il aima la France de toute son âme. Tous ses écrits sont inspirés par le patriotisme. Géographe, historien, il pense à la patrie toujours. C’est une chose émouvante que son premier grand travail ait été l’étude de la vallée frontière où il devait mourir.

On commettrait une injustice envers sa mémoire en supposant que son travail de cabinet lui ait un moment fait oublier son principal devoir. Il aimait fièrement son métier de soldat. Sa dernière joie fut le commandement d’un bataillon en face de l’ennemi. Ses lettres, publiées plus loin, tout intimes, simples, sincères, sont le récit de sa campagne.