Page:Revue de Paris, 29è année, Tome 2, Mar-Avr 1922.djvu/187

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chiffre de 5 769 999 francs sur un total de 16 719 713 francs.

En 1910 le commerce français tenait encore le premier rang avec un chiffre de 6 138 950 francs, l’Angleterre venant après avec 3 883 000.

En 1911 le commerce français tenait toujours le premier rang avec un chiffre, sans cesse grandissant, de 8 191 266 francs.

Dès lors ne semblait-il pas naturel que les Tangerois s’attendissent à bénéficier, pour le développement de leur cité, des droits protecteurs que la France tirait du traité signé, le 30 mars 1912, avec le sultan ?

Néanmoins Tanger s’inclina et comprit toute la sagesse de la modération française. Cette sagesse et cette modération, la victoire de la France en Europe et le prodigieux épanouissement de notre protectorat au Maroc ne les ont pas altérées.

Peut-être, çà et là, quelques revendications isolées se sont-elles fait entendre — émanant surtout de personnes mal renseignées et même point renseignées du tout sur le débat ; toujours est-il qu’aucun parti, qu’aucun organe, qu’aucune publication ne soutient le point de vue « Tanger Français » ainsi que de l’autre côté des Monts l’on soutient avec véhémence celui de « Tanger Espagnol ».

Cette constatation n’est-elle sans doute pas inutile à faire à un moment où, comme l’a si justement dit M. Poincaré dans sa déclaration ministérielle « une propagande éhontée, dont il est trop aisé de deviner les inspirateurs, s’exerce aujourd’hui contre la France et s’efforce de dénaturer son attitude et ses intentions en la représentant comme atteinte d’une sorte de folie impérialiste ».

Il y a pourtant une thèse française, sur la question du statut de Tanger. Cette thèse s’appuie sur ce dogme fondamental : la souveraineté du sultan. Nous estimons que Tanger, qui, de toutes les villes du Maroc, est la seule qui soit du fait de sa situation géographique, si l’on peut dire, européenne, doit, par conséquent, rester celle où, vis-à-vis de l’Europe, la souveraineté du sultan continue à être nettement établie et affirmée. Les Espagnols n’ont peut-être pas tout à fait la